mardi 22 mai 2012

Autour du feu, les fous s'entendent

Il s'agissait de la première danse à laquelle participait le jeune soldat. Un feu de joie, du vin, du pain pour tous et de magnifiques jeunes filles. L'ensemble lui plaisait énormément. Depuis trois mois, il marchait avec d'autres soldats sur les routes boueuses du royaume à poursuivre les ennemis de la couronnes et les tribus barbares.

Il avait déjà tué auparavant. Pour défendre la ferme de son père, lui et ses frères ont dû prendre les armes. Le premier qui tomba sous sa lame était plus jeune que lui. Il tentait de prendre la fuite avec des pommes de terre et des oignons. Épée à la main, il la plongea dans la gorge du fuyard. Il s'agit de la seule victime à laquelle il pensait encore. S'occuper de la terre n'était plus pour lui. L'appel des armes était plus fort.

Trois ans après ce premier coup de lame, il devint mercenaire. Il n'eut jamais de but chevaleresque, il ne voulait tout simplement pas user ses mains sur une pelle, mais en frappant. Une rage ou une simple envie...il ne l'a jamais vraiment su.

Perdu dans les flammes, son regard cherchait cette chaleur qui le fuyait depuis si longtemps. Du feu, il se tourna vers les barils contenant le vin. Il en avait déjà tellement bu, mais rien. Son coeur guidait ses yeux afin de trouver se qu'il désirait tant. Malgré le bonheur que ces réjouissances lui procuraient, il pensait toujours à la route, au pain noir qu'il devait parfois manger et aux dernières batailles qu'il avait livrées, sans jamais se remémorer le visage de ses ennemis.

Un frisson le tira de sa transe; ce n'était pas le vin ni la brise d'automne, mais bien la musique qui le ramena parmi ses frères d'armes. Un rythme rapide qui fit battre son coeur; un effet plus enivrant que  l'alcool ou la paix qu'amenait cette fête. Près des flammes, de jeunes couples dansaient. Il n'avait jamais dansé et encore moins avec une femme. Une envie de bouger et de suivre ces séries de pas qui lui semblaient si complexes.

Ses yeux vagabonds cherchaient le bonheur comme ils cherchent l'ennemi sur le champ de bataille. Le jeune soldat ne comprenait pas pourquoi il voulait tant ressembler à ces gens ordinaires qui ne connaîtraient jamais l'angoisse grisante de la bataille, l'euphorie de la victoire et la satisfaction d'entendre les pièces d'or tomber dans sa bourse.

Soudainement, il senti qu'on l'épiait. Comme le cerf sentant la présence du chasseur, il n'osa pas trop bouger. Mais qui pouvait bien l'observer si longtemps. Voulait-on lui voler ses écus ou tout simplement le tuer ? Sa main gauche alla se poser sur le manche de son épée qu'il portait au flanc gauche. Il vida sa coupe d'un trait et la posa sur une table prêt de lui. Il s'éloigna de la foule pour aller s'appuyer sur une maison près de la grand place. En se tournant vers la foule pour mieux voir cette dernière et ainsi tenter de repérer ceux qui le traquaient, il tomba nez à nez avec une jeune femme dont les cheveux se perdaient dans la nuit. Magnifique et vaporeuse créature dont les yeux en amandes traversaient l’obscurité; il voyait enfin ce qui le poursuivait.

Sa main quitta son flanc gauche et salua la jeune fille. Songe ou simple envie se matérialisant devant lui, il doutait qu'il avait en face de lui la réalité. Quand la peau de sa douce prédatrice vint effleurer sa main, le frisson revînt lui confirmer qu'il ne rêvait pas. Cette chaleur qu'il cherchait depuis son arrivée dans ce village emplît tout à coup son coeur.

''Vous ne devriez pas quitter la fête soldat. Vous devriez plutôt me laisser vous guider vers elle. La nuit est jeune et vous aussi. Je me nomme Isalie. Et vous ?''

Le soldat réussi à se nommer sans trop bégayer et avec beaucoup d’enthousiasme à sa grande surprise. : '' Moi c'est Grégor !''

''Vient danser ! Je vais t'apprendre, c'est plus simple que de gagner des batailles. Fais-moi confiance.''

Il ne connaissait pas cette femme, mais il voulait la suivre partout. Sans avoir pu donner de réponse, il s'avança vers la foule et le feu de joie main dans la main avec la délicate Isalie. Ils se faufilèrent jusqu'au feu et elle prit la main de Grégor pour la mettre sur sa hanche. Ce n'était plus de la chaleur, mais du feu qui courait dans les veines du jeune homme. Au moment où il allait faire son premier pas de danse, la corne de son officier sonna.

''Aux armes, on nous attaque !''

mardi 15 mai 2012

Après tout

C'est toujours plus difficile la nuit. On se retrouve face à soi-même et ses rêves qui reviennent avec le sommeil. Rêves qui nous permettent de nous enfuir quelques heures, mais qui finalement gardent les plaies ouvertes.

J'ai peur du silence pour cette raison : trop penser. Trop penser à moi, à ce qui m'attend demain ou à ce qui m'a conduit jusqu'à ce jour. Il faut que je détourne toute mon attention vers ce qui m'entoure. Écrire est encore plus difficile. Je veux toujours écrire mais au moment où je gribouille ou tape, je pense encore. Tout et rien viennent au bout de mes doigts pour que je puisse l'écrire sans gêne.

Fiction ou réalité, pensées ou comédie, désespoir ou aventures...des choix que je dois faire tous les jours pour finalement opter pour l'oubli. Laisser passer le temps pour que le tout s'efface et que cette envie disparaisse.

Facile pour certain, mais terrible quand je penses que je devrai le faire jusqu'au moment ou l’effervescence se calme et me laisse en paix.

Écrire s'est oublier mais c'est aussi revivre la maladresse des jours passés et l'idiotie que j'atteindrai sans jamais y songer. J'ai peur de ne plus me contrôler ou de franchir cet écran qui camoufle une vérité qui s'attarde sans moi.

Écrire s'est douloureux, c'est difficile...mais c'est le seul élément de mon être sur lequel je peux bâtir. J'écris pour parler, pour mieux comprendre, pour chanter et crier sans déranger ou malmener ceux qui tourne autour de moi. Ne pas empoisonner leur course, juste leur parler pendant qu'ils passent.

Comme à chaque fois, je vous demande d'oublier cet état dans lequel je me met. Oubliez qui je suis un instant pour voir que finalement il n'y a que l'épuisement de tout qui me pousse...où ? On verra bien.

Fantoche ou non, je suis tout de même là.