mardi 29 octobre 2019

La brise

Aux soirs trop doux s’invitent les astres moribonds. L’unisson céleste m’extirpe de l’ignoble réel. J’y étouffe l’immédiat et fuis vers l’improbable et l’onirique. 

Une nuit entière à penser à cet étonnant regard dans lequel le temps s’est tu. Les heures se mirent à courir dès l’instant où les mots s’invitèrent, l’un vers l’autre. J’étais prisonnier, mais libre. Libre de revenir sans cesse à cette soirée s’apparentant à une vive étincelle sans flamme. 

C’est lorsque je déambulais sous l’agressante et bravache lumière des étoiles que je me suis de nouveau retrouvé auprès d’elle. Sans quitter ses yeux, je me suis approché, sans un mot. Un sourire s’est alors dessiné sur son visage, ce visage que j’avais admiré plus tôt sans rien laisser paraître de mon admiration, mon désir. 

Lorsque je fus tout près d’elle, mes doigts se sont mis à parcourir, pour un instant, la peau de cette femme. Elle continuait de sourire, de me regarder; il n’y avait que nous. Les dernières heures de la nuit finirent par nous enlacer, nous protéger de ces moments galopant encore à notre suite. 

Sous le couvert d’un temps daignant prendre une pause, nous nous sommes embrassés. Doucement, tendrement, que ce désir un peu trop timide pour l’actuel, l’officiel. Nos lèvres se touchèrent, nos yeux se fermèrent.

C’est la légère brise d’automne qui finit par pousser dans le dos du présent en repos. J’ouvris les yeux soudainement et m’aperçut qu’elle n’était pas revenue. Seul sur le trottoir, je contemplais un rêve qui se plaisait bien à me narguer. Même si je maudissais l’intervalle où je m’étais laissé prendre au piège, je ne regrettais en rien cette interruption du vrai. 

C’était probablement la seule façon que j’avais enfin de connaître cette paix, ce soulagement de pouvoir dévoiler un désir trop timide à cette femme qui s’apparente aux astres qui intriguent. Le seul fait de pouvoir l’admirer devrait donc me suffire.

jeudi 3 octobre 2019

Nous

C'est écrire des textes heureusement oubliables. Chanter sans écouter et plonger sans retenir son souffle. Penser aux hivers à venir en se nostalgiant et se vautrant dans des étés rancuniers, fantasmés. Se perdre en traçant le chemin et être aveuglé par l'obscure d'à côté. S'imaginer sa réalité et vivre un mensonge rassurant.

On avance malgré tout nos précieux et ridicules paradoxes. On s'ignore jusqu'au dernier souffle, qui s’époumone à coup de mépris et d'ignorance. On ne comprendra jamais l'amour, mais on le cherche toute notre vie, un coup que !

On ne pense pas assez à penser trop; ça va plus vite de cracher. Parce que l'autre, c'est juste l'autre. Il n'avait qu'à y penser avant de s'intéresser à nous. 

mardi 3 septembre 2019

L'instant

Sous l'ombre du feuillage distrait et en répondant aux reflets d'eaux domestiquées, ce sourire s'est mis à parler. Je n'ai aucun souvenir, sinon que tout ce qui comptait était de l'entendre rire.

De la voir heureuse libérait tout. J'en ai même oublié la tristesse naturelle et ses airs.

Assis seul dans l'obscurité d'une fin, cousine de célérité, je me suis mis à murmurer des chansons qui n'existent déjà plus. J'ai laissé mourir le présent pour pouvoir me réveiller demain. L'instant fut court, mais amplement suffisant pour me laisser dormir et maudire le jour.

Sous les cruels auspices du départ, mon souffle s'accorda à celui des vents rageurs et offrit sans fortune un adieu.

J'ai tout perdu, mais j'ai tout.

jeudi 29 août 2019

Repartir

Il y a quelque chose dans ton regard qui me fait douter de tout. Quand tu poses tes yeux sur moi, c'est un saut dans le vide sans chute, le moment le plus long et le plus court de ma vie.

Ton sourire attire le mien et s'attache ensuite à tes rires qui éclatent. Doux hymnes porteurs d'espoirs survivant dans mes rêves.

Quand je te prends dans mes bras, je m'oublie et me laisse élever par la chaleur de ton souffle, la douceur de ta peau et ton parfum qui semble parfois si familier sans être dressé.

Une étreinte fragile constamment étouffée par la réalité et le bon sens. Tu me manques même quand tu es là.

Rien de plus que des mots s'évanouissant à mon réveil. Quand le songe s'évade, il me reste que ce sourire qui invoque le mien, ta peau attirant les larmes et tes yeux sombres qui m’apaisent pour me laisser repartir.