samedi 28 septembre 2013

Si tu savais, tu m'oublierais.

-Si tu savais, ça ne changerait rien. Parce qu'au fond, nos vies se poursuivront encore même si je me tais.
-L'hiver tarde, viendront tes larmes. -inspiration libre.
-Cultiver la force, nourrir la rage qui s'emprunte même si elle se considère prophète.
-Rien au monde que l'ivresse unique sans saveur, sans souvenir, sans erreur.
-Oublier qu'on est prisonnier de soi le temps que les autres te laissent aller.
-Un temps qui se dit plus doux que les lendemains responsables, une veille sans réelle conséquence.
-Dormir par procuration, par malheur et surtout pour montrer que la seule psychose que tu connaisses ne parle pas la langue.
-Le désordre tu l'oublies le temps d'un fantasme.
-La seule colère qui me meuve est celle qui sonne juste.
-Tu pourras comprendre à la fin quand rien d'autre ne comptera.

-La fin est un mot de trois lettres qui, finalement, ne se conjugue pas.

dimanche 22 septembre 2013

Je t'aime

Dire ''je t'aime'' c'est compliqué. Même si on le dit à notre famille, à nos amis qui savent déjà tout ça, ce n'est jamais facile d'être sincère quand on parle d'amour. On ne comprend pas toujours ce que cela comporte, mais on veut aimer malgré les conséquences. La vie nous rappelle tous les jours que l'amour est éphémère et qu'il se terminera quand l'autre ne voudra plus de nous ou si la fin est arrivée. Que ce soit en la prenant dans nos bras, en embrassant, en faisant l'amour ou avec les mots, on devient esclave d'un trouble réconfortant, d'une obligation qui se rapproche de l'intuition. La mère pleurera son enfant même s'il l'a blessé ou tenté de l'oublier. L'amour des parents est aussi complexe que l'amour des amants, seulement, il est plus borné.

Dire ''je t'aime'' c'est tout. C'est tenter d'être vrai le temps d'un regard. Même si elle est loin, qu'elle ne sait pas ou qu'elle s'en fiche, l'amour reste là. C'est avec l'amour tenace et constant que l'on construit autre chose; une histoire que l'on aimerait raconter. On s'imagine la protéger par l'étreinte, la rendre heureuse par les simples caresses et la rendre divine grâce au sexe...même si l'amour s'échappe entre deux battements. L'amour n'est jamais secret : il trouve toujours un chemin. Sur les reflets de ses cheveux et les salutations quotidiennes, c'est l'espoir et l'envie qui reviennent pour fredonner des airs un peu trop familiers.

Dire ''je t'aime'' c'est fort. Quand les mots sont ponctués de battements de cœur nerveux, même s'ils sont maladroits, ils seront les plus beaux. Attendre que tout devienne réel et se préparer au pire, c'est ce qui rend l'amour l'égal de notre essence, aussi fort que la vie qui peut s'échapper. L'amour peut rester présent malgré l'absence du reste, mais il restera tout de même un fantasme idéalisé ou la version périmée d'un souvenir. Le plus dangereux est de devenir esclave de ce qui a déjà été. Malgré tout, c'est ce qui prendra toujours le plus de place.


Dire ''je t'aime'' c'est surtout tomber et se demander jusqu'où, justement, on peut tomber.

lundi 9 septembre 2013

Rage, nécessité et vengeance

Il détestait ce genre de bar : de la musique électro beaucoup trop forte, une chaleur suffocante et des gens complètement coupés de toute réalité. Avec la foule qui s'agglutinait sur la piste de danse, il avait de la difficulté à faire avancer son otage. L'éclairage, la musique et la foule lui offrirent tout de même un avantage considérable vu la situation : la discrétion. Personne n'avait remarqué qu'il tenait fermement son Beretta et qu'il menaçait un jeune homme avec en lui plantant le canon profondément dans le dos. La démarche maladroite de l'otage passa aussi inaperçue.

Il cherchait quelqu'un; un homme avec un surnom bizarre qui contrôlait les voyons du quartier et leurs différents rackets. Depuis quelques mois, rien n'allait dans les rues; autrefois on parlait de respect et de bonnes relations, maintenant c'était une guerre ouverte. Deux de ses copains étaient morts lors d'une fusillade dans un restaurant, un autre avait été enlevé puis torturé...la rue changeait, il allait emboîter le pas.

Il faisait tellement chaud qu'il avait l'impression de respirer de la sueur. Malgré la chaleur, il avait insisté auprès du portier pour garder son manteau en lui donnant un billet de 100 dollars. C'est d'un pas décidé qu'il entreprit de traverser la piste de danse avec son otage. Il y avait trop de portiers près du bar et autour des danseurs, ils seraient plus discrets en plein milieu de la foule. Pour s'assurer de la collaboration de son otage, il lui avait également glissé une petite quantité d'explosif dans la bouche en lui promettant de repeindre la salle avec sa cervelle s'il tentait la moindre manœuvre pouvant lui nuire; c'était aussi une excellente façon de s'assurer de son silence.

C'est au centre de la piste que son coeur se mit à battre si fort qu'il avait l'impression ne plus entendre la musique assourdissante et les cris des fêtards. Une forte odeur d'alcool le ramena à lui. Plus il s'approchait de sa cible, plus il devait motiver son otage à avancer. Une pression accrue du canon de son arme dans le dos de ce dernier finissait par le faire avancer. La marche était plus lente vu l'attroupement, mais rien ne pouvait l'arrêter.

La première fois qu'il avait entendu parler du ''Prêtre'', c'est après une histoire de surdose dans un appartement près du sien. Une adolescente était morte après avoir pris des cachets que certains appelaient ''Corpus Christi''...le corps du Christ. Il s'était alors renseigné auprès d'autres revendeurs pour savoir qui se faisait appeler Le Prêtre. Tout ce qu'il avait pu savoir à ce moment-là, c'est qu'il s'agissait d'un gars qui avait réussi à s'allier les différents gangs pour se former une véritable armée. Les dirigeants de La Famille trouvèrent ses révélations inquiétantes, mais selon les différents chefs, rien qu'ils ne pourraient régler.

Cet homme resta un mystère jusqu'au jour où le Consigliere de la Famille fût assassiné dans sa maison en plein jour. Cloué à l'un de ses murs, quelqu'un grava un message dans sa chair : ''Vous devriez écouter les conseils et la voix de notre Seigneur.'' La maison était truffée de caméras dont les enregistrements ne furent pas remis à la police.

La Famille découvrit que ce prêtre avait agi seul : un homme sans trait particulier et avec une physionomie plus qu'ordinaire réussie tout de même à maîtriser deux des gardes du corps et sa victime. D'un seul bras, il souleva le vieux conseiller et de l'autre prit d'énormes clous dans son manteau pour fixer sa victime au mur, et ce, sans marteau. Le seul signe distinctif était le col romain que portait l'assassin...et ce regard vide et calme. C'est après la mort de ses amis que le Prêtre et son organisation s’étaient révélés au grand jour.

La musique semblait de plus en plus forte et la foule de plus en plus agitée. L'excitation était à son comble. Son otage, un jeune trafiquant qu'il avait questionné en menaçant la sœur de ce dernier,  avait fini par lui avouer que son patron allait être dans ce bar le soir même. Il fallait saisir cette chance. À l'autre bout de la piste, un petit escalier menait aux tables et banquettes. Il se mit à chercher l'homme au col romain; il ne serait pas difficile à trouver selon lui. Après quelques minutes, son otage s'agita : un homme s'approchait. Il devait être une connaissance de son otage, mais il n'avait pas le temps à perdre. Il ne voulait pas être repéré par le Prêtre ou ses hommes. C'est lorsqu'il cherchait une façon de se débarrasser de ce gêneur qu'il aperçut cet homme assis et profitant paisiblement de la compagnie de jeunes femmes sur une banquette à sa droite; il était le seul de tout le bar à porter un col romain. Il passa rapidement sa main dans son dos pour dégainer un couteau qu'il avait dissimulé. C'est à ce moment que son otage et lui tombèrent nez à nez avec celui les ayant vues.

-Hey, mais qu'est-ce que tu fais ? Ça fait trois heures que j'essaie de te rejoindre. C'est qui le connard derrière toi ? Hey, dégages sale con !

Il allait pousser l'homme derrière son ami lorsque ce dernier le poignarda à trois reprises dans l'abdomen en y laissant son couteau.

Il ne voulait pas tuer sans raison, mais il ne pouvait pas perdre de temps. Il se dirigea aussitôt vers la banquette où était assis le Prêtre; ce dernier ne le vit pas venir. Après quelques pas vers sa prochaine victime, il entendit la foule réagir à son premier meurtre. La musique s'interrompit au moment où il tira le premier coup de feu. La panique s'empara des fêtards qui se ruèrent aussitôt vers les sorties.
La première balle vint se loger dans le bas ventre du Prêtre qui ne réagit pas, puis une seconde en pleine poitrine, une troisième dans la gorge puis trois autres dans la tête. Après quelques secondes tout était terminé. C'est la rage qu'il l'avait conduit jusqu'ici, la nécessité tua un homme qui se trouvant sur son chemin et la vengeance exécuta son ennemi. Après quelques minutes, il était seul devant le Prêtre; le bar était complètement vide. Une odeur de poudre de mêlait maintenant à celle de l'humidité et de la sueur. Il observait paisiblement celui qui avait fait tuer ses amis et fait tant de mal à la Famille. Ce qu'il lu sur le visage de sa victime le troubla : du plaisir. L'homme portant ce ridicule col romain ne semblait, malheureusement, pas avoir souffert. Il rengaina son pistolet, cracha sur le cadavre puis se retourna pour quitter l'endroit.


C'est à ce moment qu'une voix l'interpella : ''Ne soyez pas si prompt à quitter ma compagnie cher ami, n'ayez pas peur, je vous expliquerai...vous savez ce que l'on dit : les voies du seigneur sont impénétrables !''

dimanche 1 septembre 2013

Parler

L'homme qui se trouvait devant elle n'avait rien de particulier. C'est ce qu'il disait qui la rendait triste : il voulait mourir. Il lui avait avoué qu'il y avait pensé plus d'une fois. Ce n'est pas la première fois qu'elle entendait cela, c'était son boulot après tout. Mais elle ne comprenait pas pourquoi cet homme était si triste. Elle comprit plus tard que c'était son imagination qui alimentait des espoirs et des rêves que lui-même ne comprenait pas. Mais tenter de l'extirper de là allait le rendre tout simplement fou.

Il pensait parfois à la pendaison, d'autre fois à des lames et finalement, il s'était même renseigné afin de se procurer une arme à feu. C'est sa tête qui ne s'arrêtait jamais. Il n'avait jamais l'air en contrôle de son esprit qui se promenait d'une idée à l'autre, d'un problème vers un malheur annoncé. On avait beau lui dire que tout pouvait s'arranger et même s'il y croyait, son regard restait l'un des plus tristes qu'elle avait rencontré. On pouvait bien lui dire qu'il n'était pas le seul à souffrir, qu'il y a des gens qui souffrent beaucoup plus que lui...mais cela ne changera rien à ce qu'il est et ressent. Elle avait bien compris qu'il était empathique, ouvert et généreux, mais elle s'est vite rendu compte que de comparer les souffrances ne servira jamais à rien.

Les semaines passaient et elle se demandait toujours si elle allait le revoir. Mais tous les mercredis, il venait cogner à sa porte pour essayer de comprendre. Il parlait sans cesse, il parlait de lui et gardait pour son esprit les vrais problèmes. Il se confiait parfois sur les femmes de sa vie, sur ses désirs, sur les impasses qui nourrissaient un malheur fort, tellement fort qu'il devenait difficile à cerner.

Lui-même ne réussirait jamais à découvrir pourquoi tout finissait par lui faire fermer les yeux. Même la plus grande des douceurs lui faisait regretter qu'elle ne soit pas plus amère. Au fil du temps, comme lui, elle s'était accommodée de son regard toujours en attente et de l'abandon qui conduisait son coeur. Au moins, elle lui permettait d'exprimer le peu qu'il déchiffrait dans ses larmes soudaines et sa solitude harcelante. Il était étonné de voir qu'il se refusait depuis peu aux marques d'affection, surtout les physiques...il avait peur, mais ne savait de quoi.

Il lui avait déjà raconté qu'un jour il se trouvait seul assis à son bureau. La journée se passait comme toutes les autres, mais il se mit à penser à autre chose, à une vie différente, à une vie moins uniforme que la veille. La radio jouait en bruit de fond, ses collègues tournaient autour de lui, son écran ouvert devant ses yeux, mais il n'y avait plus rien pour  le ramener à son existence. Le tout se terminait toujours par des sanglots étouffés. Il confia à cette femme que ces absences mélancoliques venaient tous les jours le corriger, le distraire et le sortir du quotidien pour lui jouer un tour.

C'est la dernière fois qu'elle lui parla. Rien de spécial ou de grandiose pour cette dernière visite; que la même salutation qu'il lui offrait toutes les semaines : ''Merci , on va peut-être se revoir la semaine prochaine...qui sait ?''