À 24 ans, j'ai quitté les terres du Nord pour découvrir une contrée
qui m'intriguait et qui m'intrigue toujours. Pour me faire connaître au départ,
mais finalement, je suis tombé amoureux d'une lumière qui raconte. Il y a près
de 7 ans, j'ai salué la Grèce.
Un mois durant lequel j'ai découvert un peuple fort et fier,
accueillant et généreux, poète et guerrier. J'ai marché sur cette terre
façonnée par leurs pas et discours, j'ai mangé et bu comme je n'ai jamais fait
ailleurs, j'ai souri à mon arrivée et pleuré lorsque j'ai dû quitter.
Je suis amoureux du vent et du ciel du nord. La neige de mes
ancêtres qui revient chaque hiver pour nous pousser dans les bras des autres et
le feu que l'on allume pour accompagner nos soirées d'été. Les histoires de ma
patrie sustentent mon imagination à chaque discours des miens, mais les mythes
et les hymnes des Hellènes construisent des espoirs qui me semblent bien lointains.
Quand je repense à la mystique Delphes, à la puissante
Athènes, à l'Égée agitée, à Olympie guerrière,
à Aristi la tranquille et à Milos la belle, la première chose qui me vient en
tête c'est la joie que j'ai eue à les découvrir petit à petit. Parce qu'on peut
se rendre en Grèce et s'y lancer; j'ai l'impression que comme étranger, je ne
ferai jamais autre chose que l'imaginer. Grâce à mes guides, j'ai pu voir des
lieux évoqués dans des textes anciens, j'ai pu sentir la majesté d'une histoire
jamais assez répétée et la force d'un peuple né de la montagne et de la mer.
Je repense à la lumière qui m'a accompagné dans ce trop
court voyage; je suis incapable de la décrire. Mystique peut-être, poétique
assurément, unique sans aucun doute. Sur les flots d'une mer encore inconnue,
j'ai pris le temps de regarder le temps qui passe et qui nous vole des
problèmes dont on devrait se passer.
Ce qui est difficile quand on tombe amoureux, mais que l'on
aime déjà, c'est de savoir ce qui nous rendra malheureux : quitter ou rester.
Je m'ennuie sans cesse du village de mon enfance et de sa rivière, j'aime la
ville dans laquelle je suis, je rêve aux montagnes de l'Attique et à la mer
Égée qui semblent parler une langue qu'il me faut écouter.
C'est quand le sommeil me boude que je pense le plus à
quitter le doux souffle de mon hiver chéri pour l'étreinte farouche de l'été
grec. Je veux partir et je ne me pose jamais la question : où devrais-je aller
? Je me suis longtemps demandé si je devais partir pour l'Est qui m'a si
souvent inspiré; peut-être le Sud batailleur ou encore plus vers le Nord...mais
je reviens toujours à la terre des dieux d'antan et de leurs enfants.
J'ai bien hâte au jour où je pourrai écrire clairement sur
ce pays. En attendant, je me contenterai d'y rêver encore quelques années avant
oser y retourner.
Je terminerai en citant un extrait d'une chanson grecque que
j'aime beaucoup et qui décrit bien ce que je ressens quand je pense à ce voyage
:
Mia thalassa
mikri (A Little Sea)
Μια θάλασσα μικρή,
μια θάλασσα μικρή
είναι το καλοκαίρι μου,
ο έρωτάς μου, ο πόνος μου
Μια θάλασσα μικρή
στα δυο σου μάτια φέγγει
κάθε πρωί
Μια θάλασσα μικρή
στο δάκρυ στο τραγούδι,
στο κάθε σου φιλί
Μια θάλασσα μικρή
A little sea
A little sea
is my summer
my love, my pain
A little sea
shines through your eyes
every morning
A little sea
in your tear, in the song
in every kiss of yours
A little sea