samedi 28 mai 2016

33 ans et ma maladie

Je pense à écrire ce texte depuis 2 mois. Je me demandais si je devais l’écrire, s’il fallait que j’exprime tout ce qui m’habitait. Jusqu’à présent, je n’avais pas vraiment trouvé le bon moment, mais puisque je viens d’avoir 33 ans…pourquoi pas.

J’ai vécu ma 33e année comme je suis : passionné, un peu fou et vrai. J’étais follement amoureux. La première fois depuis 3 ans. C’était quand même assez bizarre en fait. J’avais un peu oublié ce que c’était d’aimer une femme à ce point. Face à l’inconnu et aux peurs, je me suis dit que je devais plonger. La meilleure des décisions. J’ai aimé comme je n’ai jamais aimé. La femme de ma vie. Malgré les épreuves j’étais là. On s’est beaucoup aimé.

Mais à l’automne, c’était la fin. Malgré mon passé et les amours d’avant, c’était la première fois que ça faisait aussi mal. Je n’en ai pas parlé beaucoup. Seulement à ma famille et des amis proches. Certains d’entre vous ont remarqué que depuis l’an dernier j’étais moins bavard, autant dans la vie que sur Internet, et bien c’est parce que c’était trop difficile de parler.

Je suis tombé malade. Malade d’amour, malade de chagrin, malade à m’en rendre suicidaire. Des nuits entières à faire des cauchemars ou à ne pas dormir, des journées à ne pas pouvoir manger et beaucoup trop de temps pour pleurer. Un soir, en sortant du travail, je suis allé au CLSC pour demander de l’aide. Aucune faiblesse, juste une absence de force, un chagrin trop fort pour voir quoi que ce soit d’autre.

Une travailleuse sociale est venue à mon aide, ensuite des médecins sont venus voir ce qui se passait. Le verdict est tombé : dépression majeure. Bon comme tout bon gars, j’ai refusé l’arrêt de travail et je me suis dit que parler avec la TS allait suffire. Mais à force de pleurer seul dans la salle de bain au bureau et en parlant avec un ami un midi, j’ai réalisé que j’allais droit dans un mur.

Même si j’ai pensé à me suicider en planifiant où, comment et quand ; j’avais tout de même envie d’essayer. Essayer de penser à autre chose, de vivre ce que je devais vivre, d’être malheureux pour vrai et de me rappeler de bons moments. Je suis retourné voir le médecin et j’ai quitté mon travail. Depuis 3 mois, je suis à la maison à panser mes plaies et à vivre mon mal de vivre comme il doit se vivre : un jour à la fois. J’ai tellement pleuré. Une année folle à donner ce que j’ai de plus beau, à aimer et être aimé pour se retrouver devant ce non.

Ça m’a détruit. Parce que mon amour se retrouvait veuf, parce que j’ai été trahi, parce que les mots et promesses n’étaient que de bonnes intentions. Je devais gérer ma tristesse et cette colère que j’avais : à cause d’elle et ce qu’elle a fait, mais aussi à cause de moi. Je me suis trouvé trop naïf, trop gentil avec elle. J’aurais dû voir tout cela venir. Même si au début de tout cela j’ai voulu partir, elle m’a retenu. Au final, j’ai fait ce que je devais faire…je l’aimais tellement. J’ai fini par comprendre que quand quelqu’un vous dit que vous êtes l’homme de sa vie et qu’elle veut avoir des enfants avec vous…c’est naturel de la croire et de lui faire confiance.

La colère est vite disparue. C’est à ce moment que je me suis posé des questions à mon sujet. Je n’ai jamais eu vraiment confiance en moi, mais après cela, c’était tout simplement impossible pour moi de m’aimer. Je me suis jugé, condamné à la tristesse et au malheur parce que je ne valais plus rien. On est toujours le pire de nos bourreaux.

Le temps a passé, j’ai traversé des crises et j’ai réalisé que je ne pouvais pas tout contrôler. Ma vie a changé à cause de la maladie. Je me suis mis à occuper mes journées et à accepter que j’étais, justement, malade. J’ai parlé avec mes proches, j’ai pleuré, je me suis effondré. Ma travailleuse sociale était là à veiller sur moi et mes envies noires.

Au début de tout cela, je ne voyais que le sentier où se trouvaient mes pieds, mais grâce à elle et mes proches, j’ai fini par voir l’horizon. Je sais qu’il y a une destination.
Trois mois plus tard, je vais mieux. Mes moments sombres sont moins fréquents, je les vis beaucoup mieux et je suis conscient de ce que je suis. Mon médecin et ma travailleuse sociale m’ont fait réaliser tout le chemin parcouru.

Je me comprends mieux, je suis plus ouvert et plus lucide face aux autres et je me sens beaucoup plus fort. Je resterai toujours un homme très émotif, mais ce qui s’est passé m’a donné les outils qu’il me faut pour mieux réagir aux prochaines épreuves. Ce que j’ai vécu m’a confirmé une chose : ce qui est le plus précieux pour moi c’est l’amour : l’amour de ma famille, de mes amis et celui que je peux donner et recevoir d’une femme. Même si j’ai souffert et en souffre encore, je ne dirai jamais non à l’amour. Jamais.

Je suis fier de moi. J’ai réussi à me rendre jusqu’ici et me transformer pour le mieux. Au fond, je reste le bon vieux Mike ; je suis simplement plus conscient de qui est Mike. Je suis fier parce que j’ai réussi à perdre du poids : au début parce que je ne mangeais plus, mais j’ai profité du moment. Je m’entraîne maintenant 4 à 5 fois par semaine et j’ai perdu plus de 30 livres. Pour la première fois de ma vie, je commence à me trouver beau.

Il me reste bien du chemin à parcourir avant d’être totalement guéri, mais ce qui compte c’est que j’avance. Même si certains soirs sont plus pénibles, je me rappelle de doux souvenirs que j’ai avec elle, des moments de bonheurs et de cette force qui me garde en vie. Parce que la fin n’efface rien, rien ne sert de le nier.

Aujourd’hui, je souris pour vrai. Parce que le pire est derrière moi et je suis prêt pour la suite.
Pour terminer, retenez ceci : ce qui compte le plus dans la vie c’est d’aimer réellement. Laissez tomber le reste.

Romantiquement vôtre

Mike

jeudi 5 mai 2016

Mon banc

Notre 3e année ensemble débute.

Tu m'as accueilli malgré mes humeurs diverses et changeantes. Le temps passe, les gens changent, mais nous on reste les mêmes.

Quand je dormais ailleurs, je ne savais pas que c'est ce qui manquait à ma vie : un observatoire, une pause qui m'obéit.

Le soleil ne brillera jamais trop pour nous, la pluie n'est qu'un contre-temps trop court, les passants deviennent conversations.

Les pluriels s'éteignent, je suis seul et je prends le temps qu'il faut pour me rappeler ce qu'est une vie, l'innocence et de véritables désirs. Je me réconcilie avec le présent. De trop rares sourires et des arrêts sans conséquences se succèdent. Je m'installe le temps qu'il faut finalement.

J'ai vu bien des vies passer et, bizarrement, je me suis toujours contenté de la mienne. Je n'envie rien. Malgré les malheurs, les larmes et les cul-de-sacs,  je me satisfais amplement de mon sort.

Tu sais, à force de s’asseoir au pied du mur, on consent à pleurer quand il faut. Mais aujourd'hui, quand je t'ai vu, j'ai souri.