mardi 26 février 2013

Délaisser


Malgré le calme qui règne sur la nuit engourdie, mon esprit s’emballe à la rencontre de questions et de réflexions auxquelles je ne peux répondre. Ma confiance s’effrite et disparaît avec le soleil qui reste si distant; sans chaleur.
Je me demande si j’ai fait la différence. Je me demande si mon existence a changé le monde, si j’ai fait quelque chose d’assez fort pour qu’une vie, au moins, soit épargnée par de trop grandes douleurs, par un vide inquisiteur, par l’ignorance. J’espère avoir été réellement utile.  

J'ai peur que la jeunesse s'échappe sans que j'aie pu la conseiller. Je ne veux pas revoir ces images d'une tristesse indescriptible et qui ne disparaitront jamais. Je veux jouer mon rôle et déjouer le destin pour ceux et celles qui viennent après moi et qui doivent quitter avant mon propre départ. Ce qui me rend le plus triste ce sont ceux qui partent avant leur temps : des parents qui doivent enterrer leur enfant, un bête accident, une force trop grande pour être combattue… Quand la fin se donne des airs de destin et de fatalité…
Quand le temps tente d’effacer un mal, il s’allie à l’oubli. Malgré la douleur, je ne veux pas me départir de mes souvenirs, je veux me rappeler ce que c’est de vivre autre chose que le quotidien, autre chose que l’illusion du bien-être à rabais, autre chose que de petits bonheurs.

Quand quelqu'un oublie, ce sont les souvenirs d'une famille et d’un monde qui s'envolent. Nous qui ne sommes plus reconnus par une personne qui s'est occupée de nous sans poser de questions. C'est nous qui disparaissons, c'est nous qui oublions.

J'ai peur de devenir invisible un jour; qu'on m'oublie parce que le temps parle plus fort, parce que j'ai accepté de partir tranquillement comme à mes 20 ans. C’est là que je suis allé ailleurs voir si je pouvais faire autre chose, me détacher de liens qui m’encombraient, recommencer.
C'est une époque de ma vie dont je ne suis pas fier. J'ai repoussé ma famille; même ceux qui voulaient que je sois là, ceux qui avaient besoin de moi. Des 20 ans d'égocentrisme consommé et une cassure qui s'est réparée sans vraiment disparaitre.

Je devais faire tout ça pour moi. La seule chose que je regrette c'est la douleur des autres, l'aide et l'amour que j'ai refusés à ceux qui comptaient sur moi. Je me rappelle de tout cela, j’accepte ce que j’ai fait parce qu’au fond, à un moment ou à un autre, on est tous des salauds.

vendredi 22 février 2013

En attendant


Elle me regardait, patiente et attentive. Je ne bougeais plus depuis longtemps. Je regardais passer des années muettes. Je me laissais bercer par une douce musique, une mélopée qui n'avait rien à voir avec ce qui me clouait au sol.

Finalement, elle est partie sans regarder derrière et je ne lui ai pas demandé de m'attendre. Je contemple les sursauts qui me réaniment le matin et c'est tout ce qu’il me faut. Le crépuscule chante toujours plus fort que l'aube; il ne veut pas qu'on l'oublie. Il veut qu'on reste près de lui à désespérer et à se perdre. Il nous chante cette chanson de Brel qui s'imprègne et occupe l'onirique nuit beaucoup trop bavarde.

La chaleur de la nuit finit toujours par s'éclipser et à laisser sa place à la brise matinale qui s'empresse de défaire cette prison et nous rappelle que nous sommes, tout simplement.

C'est là que je me remémore les temps anciens qui me soufflent à l'oreille tout ce que j’ai perdu et ce que j'ai refusé. J'ai gâché de magnifiques bonheurs et plongé vers d'interminables mélancolies; plus attirantes encore que la jeunesse d'antan.

Ma voix s'est éteinte et mes yeux ne sont plus rien d'autre que des outils. Même si je voulais oublier et me délivrer, il faudrait tout recommencer, mais mes forces aussi m'ont quitté. Je demande à d'autres de parler pour moi. J'exige qu'on chante des airs qui m'enivrent plus que la bouteille.

Je suis toujours assis là à attendre de retrouver mon chemin, à essayer de me rappeler, à essayer de me pardonner.
 

mardi 19 février 2013

Usé par la nuit


Composé un soir de confidence entre moi et une bouteille. On a parlé longtemps :

Quand le silence s’emporte, j’imagine toujours le pire. Je m’ennuie malgré la foule; malgré l’ivresse j’y suis. Il n’y a rien de plus que cette dernière, que le temps qui parle plus fort. Aucune autre idée.

Les rêves s’achèvent et se ressemblent. J’y suis, malgré les larmes, malgré qui ce qui s’engouffre dans l’inadmissible.  Ils viennent tous les soirs et elle y trouve toujours le chemin qui mène à moi. Je tente de devenir sourd, je tente d’oublier ce qui passe avec mes humeurs.

L’incompréhension appelle l’oubli et invite l’euphorie tentant d’effacer un passé prochain. Solitude, certes, mais la seule véritable libération.

Pour savoir ce qui m’emballe, il faut véritablement se plaire à contempler, à se venger. Violence sans couronne et omission ne se manifestant jamais : le tout s’emporte. Mais la tendresse s'accorde tout au long d'une soirée vagabonde, libre et terriblement vraie comme la nuit avec la douleur et les sentiments trompeurs.

À noircir du papier, je me perds. C'est là que s'enlace près de moi l'interminable douleur et l'insultante image qui se colle au rythme sanglant chantant cadence et interrogation. C'est d'une vulgaire simplicité.

vendredi 8 février 2013

Par conséquent

Parce que j'aurais besoin d'autre chose.
Parce que l'insomnie me berce mieux que le sommeil trouble.
Parce qu'au fond, rien n'ira jamais.
Parce que même en criant on entend rien.
Parce que pleurer, je ne peux plus le faire seul.
Parce qu'on ne se comprend pas.
Parce que rien n'est simple.
Parce que qu'il n'y a que moi pour me répondre.
Parce que trop de mélodies se bousculent et s'invitent avec le vent qui me couvre.
Parce que même en les chantant, elles restent.
Parce qu'autrement, je songerais à être heureux.

C'est pour cela que je reste ici.