mardi 22 octobre 2013

Le grand

Salut le grand,

25 ans...je pensais tellement que tu avais un plus grand écart d'âge avec moi...faut dire que mes souvenirs te concernant ne sont pas tous clairs. J'écoute System of A Down à soir parce que je sais que comme mes autres frères et ma soeur, tu triperais à chaque toune. À ton âge, tu serais peut-être à l'université, dans une école d'art ou sur un chantier, qui sait ? Mais si tu savais à quel point c'est pas important. Juste le fait que je puisse te parler serait le plus grand des bonheurs.

À soir le grand, j'ai ouvert une tite bière; rien de bin fancy, une Belle Gueule blonde...ça fait la job. Tu le sais que je fais pas ça d'habitude : je bois pas, ou très rarement, seul chez nous...surtout en milieu de semaine. Mais je sais pas, à soir, je suis pas tout seul. Je t'en ai ouvert une aussi, tu peux pas haïr la bière : tu es mon frère !

J'écoute du piano aussi. Je repense à tes toiles, à ton côté artiste et à ton calme. T'étais un ti-gars, mais là tu es grand. Tu es comme les autres Michaud : un asti de tête dure, un chialeux pis un gueulard...mais tu es un doux au fond. Pas mal certain que tu chanterais avec moi, avec nous. 

Les autres sont pas toujours avec moi, je les vois pas assez souvent, mais je sais qu'ils sont là...comme toi. T'es parti trop tôt, comme le gars plate dans un party...mais c'était pas de ta faute. T'avais peut-être trop de fun, mon frère, pour voir que la vie allait te rentrer dedans. On était tous des enfants ce jour-là.

Mais là tu es grand mon frère, 25 ans aujourd'hui. Tu as changé. Mes souvenirs se transforment en possibilités et je te vois fier et fort. Plus fort que ton grand frère, mais pas aussi fier. Tout a changé un jour d'hiver, mais c'est l'automne qui t'a offert à nous. C'est pour ça que ce soir j'ai juste versé une larme; une petite goutte dans laquelle tu verras ton sourire. 

Bon, je vais aller finir ma bière, je travaille demain. Juste te dire, le grand, qu'à soir je suis triste, mais surtout content parce que je suis capable de te parler, de t'écrire sans remords pour autrefois. À soir, Mathieu, j'te prends comme tu devrais être : grand. Bonne fête.

dimanche 20 octobre 2013

Femmes, encore : L'Ardente rousse

Elle me fait peur, mais pas assez pour m’arrêter. Malgré qu’elle soit loin, on dirait qu’elle se trouve constamment au-dessus de mon épaule à attendre que je bouge. C’est sa spontanéité et son naturel sauvage qui m’attire même si elle tente de se cacher.  Avec elle, les nuits n’existent plus. Il m’est impossible de dormir quand elle est là. Je ne cesse de la regarder; rien ne compte une fois qu’elle est entrée dans ma tête. Quand elle parle, je ne peux rien faire d’autre qu’écouter. Elle apprécie mes mots, mais je vois bien qu’ils restent en suspens et attendent de connaître leur destination.

C’est une force que je tente de jauger, une sensualité libre qui veut se garder prisonnière. Malgré le froid transporté par les vents du nord, sa simple présence réchauffe mon sang et alimente mes folies. C’est vers l’impensable que je me projette.  C'est la tourmente qui me guide vers elle à des moments inopportuns. Je lui parle, mais elle ne réagit pas. Je m'approche en la fixant pour finalement l'empoigner pour l'empêcher de fuir. Mon étreinte reste gravée sur sa peau laiteuse. Elle feint la fuite pour me captiver, pour s'assurer que je reste fort.

Nos lèvres finissent par s'entrechoquer  sans s'attarder au monde qui tourne, ni aux cieux témoins de passions plus patientes. Nos corps s'appellent sans retenue et sans exigences. On ne veut pas attendre : il faut goûter sans arrêt, sans obstacle, sans délai. Force et tendresse s'entremêlent pour nous donner le plus beau des plaisirs. La passion s'engage à rester  pour nous masquer d'une lune trop froide et des étoiles bavardes. Rien que nous deux; les ruines de la solitude disparaissent entre chaque baiser.

mercredi 16 octobre 2013

Femmes, encore : Démence cuivré

Le fruit défendu. C’est elle que je n’ose approcher, car je veux qu’elle soit là, même si elle fait la sourde oreille. Je préfère qu’elle soit mon quotidien lointain que de la perdre parce que j’ai osé.  C’est sa douceur qui pollue mes jours et sa possible volupté qui contre mon sommeil. Même si la passion finissait par s’inviter, c’est ce calme et cette grisante lenteur qui alimente mon imagination. Au-delà de la tentation, c’est l’abyssale incertitude que je vois dans ses yeux qui alimente ce désir de tout savoir.

Je remercie le soleil de mai qui lui permet de me laisser découvrir ses délicates formes aux accents insouciantes.  C’est quand elle marche que tout s’arrête. Le temps de quelques pas, le monde s'offre à moi. Rien d’autre n’existe quand elle est là et qu’elle daigne poser son regard si mélodieux sur ma personne. Son sourire m’achève lorsqu’il s’efface à la fin de cette course.

C’est une valse naïve qui l’amène dans mes bras le temps de quelques mots maladroits et d’un espoir sans assise. Toucher à cette peau me fait perdre tous mes moyens. Déstabilisé, je me laisse porter par des rêves d’adolescent poète. C’est trop de romantisme pour que ce soit vrai; alors je déclare forfait.

C’est trop difficile de la voir ailleurs que dans mes bras. Je m'imagine entre ses reins, plus doux, amoureux et rêveur. Sa peau et ses respirations fortes, mais discrètes, dont j'essaye de m'emparer, me font vivre autre chose que le plaisir, c'est une communion.

mardi 15 octobre 2013

Femmes, encore : Noir de jais

C’est le mystère qui s’époumone quand je croise son regard. Je ne sais jamais quoi penser, mais je me sens obligé de rester là à attendre qu’elle s’approche. Sa peau hâlée me rappelle l’été qui danse au son des guitares du sud et des voix rauques. Ce n’est pas que la sensualité que je sens quand je l’approche; c’est le désir rageur qu’on enferme. Trop d’énergie pour une seule fois; je la cherche comme si elle était perdue. Je rêve de la voir danser, de m’en approcher et d’y toucher que quelques secondes, le temps de voir cette chair de poule annoncer un plaisir discret. Elle n’est pas le bonheur, mais bien l’obsession des soirs incorrects et d’alambics.

C’est la fête quand je lui parle, mais elle n’y est pas toujours. L’absence et la fuite sont aussi ses alliés. Parce qu’une seule fois n’est peut-être pas assez, mais il est complexe de s’en approcher pour se répéter ou seulement se faire comprendre. Même si elle dit aimer la solitude, je la sens trop sensible pour s’empêcher de sourire aux prochains frissons qui s’inviteront dans la prochaine pinte.

L’ennui alimente mes délires et me ramène à cette nuit imaginée qui ne se terminait jamais. Les rumeurs du soir étaient ponctuées par ses gémissements rebelles et ma propre voix chuchotant l’éphémère.  Je la trouve magnifique, j’aime l’entendre parler et me raconter, mais c’est seulement en sueur après le crépuscule d’été que je suis capable de me l’imaginer.

C’est cette chaleur libidineuse et son odeur qui composent l’image de cette chevelure que l’on voit curieusement mieux la nuit. 

samedi 12 octobre 2013

Femmes

Chaque fois que je la vois, c'est comme une nouvelle fois, l'unique fois où j'allais la voir. Je ne sais jamais quoi dire, ni quoi faire. Elle est belle, douce et reste mystérieuse malgré son apparente simplicité. Je sais que je ne pourrai jamais rien lui dire pour lui expliquer ce qu'elle m'inspire, je sais déjà que si je le fais, c'est son sourire que je perdrai.

Il y a celle qui m'a déjà eu. Celle qui m'a avoué que je lui plaisais, que tout ce qu'elle avait en tête en me voyant c'est une lutte entre nos deux corps, un plaisir libertin, des moments muets où nos regards se posent trop de questions. Malgré le fait que nous nous attirons sans répit,  nous savons que nous n'irons jamais plus loin.

Il y a celle qui m'écoute et que j'écoute. Celle avec qui rien ne s'est passé et rien ne se passera parce que je suis moi, parce qu'elle est comme elle est, parce que la peur nous dicte tout. Les plus beaux moments resteront que des images et des fantasmes qui s'effaceront pour que l'amitié puisse durer, puisse prendre une place qui lui revient peut-être.

Il y a celle d'avant. Que je ne vois plus, mais qui reste tout de même présente. Les souvenirs et signes du quotidien sont effacés; c'est ce qui est le plus troublant. Je ne réalise plus que ma vie à changé il n'y a pas si longtemps. Ses yeux ne sont plus; que de vagues impressions et une amertume. Même si son corps me calmait, m'enflammait et son coeur m'aimait; je ne n'admets plus mon passé avec elle.

Il y a celle qui m'intrigue. Celle qui ne se doute de rien, mais qui chaque jour réveille ce goût du risque, ce désir d'être spontané et l'obligation de combattre. Elle est toujours plus loin que je le crois et je me dois tout de même d'avancer pour voir si elle me regarde. Je me demande si je dois chanter, crier ou l'étreindre sans autre avertissement afin de comprendre enfin ce qui la compose. Pas assez proche pour me lancer, pas assez loin pour l'ignorer.

Chaque nuit, elles me reviennent pour me rappeler que je suis toujours seul. Malgré mes mensonges qui se manifestent sous le couvert de l'espoir, la réalité demeure. Elles sont toutes là à me regarder et à me dire tout simplement : ''non''.