Aux morts d'hiver qui sont trop courtes et plus tragiques
s'allient l'agonie d'un corps expiant sans remord.
Plus douce que le rêve d'antan, la solitude veut se faire
entendre avant que le soir tombe, avant que l'on puisse la chasser.
Verre à la main, c'est le doute qui s'invite à ta table pour
te faire comprendre que tu n'es rien sans les autres. Tu mourras bien assez
tôt, parce que tu n'es pas patient.
Aux registres des ombres s'inscrivent les franches amertumes
qui aboient dès que tu les dissimules. Nul besoin de savoir lire pour
déchiffrer sang et larmes mêlées à la neige sentinelle.
Il fallait être naïf pour penser que tout se terminerait
calmement. Ton coeur battait beaucoup trop fort pour que tu puisses rencontrer
une si conciliante mort.
C'est ton lit vide qui se transformait en prison, car tu la
croyais tout près, réelle. Mais le matin te crachait à la gueule dès le
réveille pour te rappeler sans retenue que tu es seul.
Le dernier droit approche quand la peur se mêle aux
souffrances et possibilités imaginées. Même si tous te disent que cela ne peut
s'arrêter, tu as déjà décidé où aller.
L'attente expire lorsque tu oses lui dire que
tout se termine. Quand s'achèvent tes jours, elle pourra enfin profiter de ses
nuits.