dimanche 29 décembre 2013

Mort d'hiver

Aux morts d'hiver qui sont trop courtes et plus tragiques s'allient l'agonie d'un corps expiant sans remord.

Plus douce que le rêve d'antan, la solitude veut se faire entendre avant que le soir tombe, avant que l'on puisse la chasser.

Verre à la main, c'est le doute qui s'invite à ta table pour te faire comprendre que tu n'es rien sans les autres. Tu mourras bien assez tôt, parce que tu n'es pas patient.

Aux registres des ombres s'inscrivent les franches amertumes qui aboient dès que tu les dissimules. Nul besoin de savoir lire pour déchiffrer sang et larmes mêlées à la neige sentinelle.

Il fallait être naïf pour penser que tout se terminerait calmement. Ton coeur battait beaucoup trop fort pour que tu puisses rencontrer une si conciliante mort.

C'est ton lit vide qui se transformait en prison, car tu la croyais tout près, réelle. Mais le matin te crachait à la gueule dès le réveille pour te rappeler sans retenue que tu es seul.

Le dernier droit approche quand la peur se mêle aux souffrances et possibilités imaginées. Même si tous te disent que cela ne peut s'arrêter, tu as déjà décidé où aller.

L'attente expire lorsque tu oses lui dire que tout se termine. Quand s'achèvent tes jours, elle pourra enfin profiter de ses nuits.  

lundi 23 décembre 2013

Sans filet

Un autre soir sans autre chose
Des rivières rouges si jamais j'ose
Même si l'hiver chante si bien
Ma poésie ne mène jamais à rien

Une autre nuit qui m'oublie
Même si je hurle, même si j'expie
Au carrefour nulle n'apparaît
Ils oublient tous qu'ils me connaissaient

Je n'aurais jamais pensé
Être si facilement supplicié
Avec ou sans la bouteille
Que je boive de l'eau seule ou mêlée au méteil

Tranquille à tenter de comprendre
Seul, en chantant tout bas sans esclandre
Je me suis perdu sans penser chercher
Autre chose qu'une effluve torchée

Comme plus haut je disais
Je n'aurais jamais pensé
Que chaque jour j'allais pleurer
Mais plutôt que je me laisserais tomber, hélas, sans filet 

vendredi 6 décembre 2013

Même si je dors

Malheureusement, je me suis réveillé.

Rien de bien grave, parce qu'au fond je peux aussi te voir le jour.

Rien de bien grave, puisque tu ne te doutes de rien. Je suis le seul à essayer de vivre un désir trop clair.

Rien de bien grave, car je saurai m'effacer. Pour éviter de souffrir, mais aussi pour ne pas m'imposer comme le rêveur qui oublie trop souvent que ses songes ne sont que les siens.

Rien de bien grave, parce que je suis patient. Pour t'attendre, mais aussi pour trouver le courage qui me manque quand tu t'annonces. Quand j'écris, c'est de ce courage dont j'ai besoin pour mettre en mots cette faiblesse qui me prend à ta rencontre.

Tout change les soirs d'hiver, car la fête est plus loin. Elle se cache pour qu'on ne puisse s'y parler. Plus librement que sur la rue, plus timidement que dans ces songes dans lesquels tout est suspendu.

Sans attentes, je retourne dormir, car je sais que malgré tout, tu seras là demain.

lundi 2 décembre 2013

Danse avec l'inexplorée (2) : le parfum du regret

Ils ne faisaient pas l'amour pour la première fois. C'est chaque nuit qu'ils pensaient à l'autre au moment de sombrer quelques heures dans ce qu'ils ne pouvaient contrôler. Dans l'attente, ce silence devenu mélodie l'empêchait d'oublier ce qu'elle lui avait inspiré.

Le simple fait de l'inviter transformait ses nuits en dédale où se mariaient célérité et déraison. Que des mirages se charmant le temps d'une danse trop froide pour lui. Même si la curiosité le pousse à vouloir emprisonner un désir trop fort pour qu'il soit réel, il tentera tout de même de lui parler pour se consoler. Il veut aussi comprendre, mais dans ces cas-là, vaut mieux rester amant d'un songe que le prisonnier des attentes. 

Plus impétueuse que le manque, elle sourit au pauvre type qui s'efface par peur de décevoir. Il continue tout de même de suivre ces pas dans la foule. Des pas discutant de cadences trop lentes et de mélodies trop tristes. Il verra bien qu'elle est autre chose qu'un rêve : l'inexplorée avec qui il ne pourra danser.

La musique ne semble pas se taire malgré l'heure matrone entraînant les autres vers le sommeil. Il n'y a qu'elle et lui continuant à entendre le violon caresser, le piano pointer et le vent guider des pas réclamant plus de temps.

Il a tout de même peur. Pour lui, mais surtout pour elle : même s'il aime danser, il ne veut pas la décevoir. Il ne veut pas ruiner une danse, encore une fois, parfaite.

Au fond, il sait que la danse se terminera bientôt, mais il reste tout de même assis pour ne pas gâcher la finale.