Ils ne faisaient pas l'amour pour la
première fois. C'est chaque nuit qu'ils pensaient à l'autre au moment de
sombrer quelques heures dans ce qu'ils ne pouvaient contrôler. Dans l'attente,
ce silence devenu mélodie l'empêchait d'oublier ce qu'elle lui avait inspiré.
Le simple fait de l'inviter transformait
ses nuits en dédale où se mariaient célérité et déraison. Que des mirages se
charmant le temps d'une danse trop froide pour lui. Même si la curiosité le
pousse à vouloir emprisonner un désir trop fort pour qu'il soit réel, il
tentera tout de même de lui parler pour se consoler. Il veut aussi comprendre,
mais dans ces cas-là, vaut mieux rester amant d'un songe que le prisonnier des
attentes.
Plus impétueuse que le manque, elle sourit
au pauvre type qui s'efface par peur de décevoir. Il continue tout de même de
suivre ces pas dans la foule. Des pas discutant de cadences trop lentes et de
mélodies trop tristes. Il verra bien qu'elle est autre chose qu'un rêve :
l'inexplorée avec qui il ne pourra danser.
La musique ne semble pas se taire malgré
l'heure matrone entraînant les autres vers le sommeil. Il n'y a qu'elle et lui
continuant à entendre le violon caresser, le piano pointer et le vent guider
des pas réclamant plus de temps.
Il a tout de même peur. Pour lui, mais
surtout pour elle : même s'il aime danser, il ne veut pas la décevoir. Il ne
veut pas ruiner une danse, encore une fois, parfaite.
Au fond, il sait que la danse se terminera
bientôt, mais il reste tout de même assis pour ne pas gâcher la finale.