À force de vouloir refaire des
mondes qui ne sont pas les miens, je me suis perdu. Trop loin pour revenir d'où
je viens et pourtant sans repère ni destination.
J'ai beau
attendre que tout reprenne sa place, mais j'ai tout de même le goût d'avancer,
de continuer à m'imaginer heureux. Je n'ai besoin que de quelques instants de
paix pour me ressaisir et ouvrir les yeux. Quelques heures pour me remettre à
chanter et laisser aller l'angoisse qui me ruine.
J'aimerais
que l'appétit me revienne même quand je suis seul et que les nuits m'emportent
sans m'assommer. Même si les images ne restent pas, les cauchemars ne sont
jamais bien loin et ne cherchent qu'à avaler cette force que je ne reconnais
plus.
Mes pas sont
lourds et me conduisent sans cesse vers ce vaste mur que je croyais bien
connaître. Je ne peux rien faire d'autre que de chercher une voie restée
inconnue, mais qui se doit d'exister. Je m'épuise à l'imaginer et à rêver de
cet affranchissement, plus
que mérité.
Je ne
demande rien d'autre que ma propre paix. Les mots reviennent plus forts quand
le jour m'emprisonne, mais vu les années, j'ai appris à jouer avec eux en
attendant que tout s'arrange. Vous voyez, je réussis presque à me convaincre.
À penser à
l'amour, je me laisse prendre au jeu des souvenirs et des espoirs moribonds que
je n'écoute plus. Maintenant ce ne sont que des délires et des inspirations qui
me forcent à réfléchir à ce que je deviens quand tout cela revient. Malgré
tout, je reste calme, j'en ai besoin.
Des mondes
j'en visite tous les jours. Je les imagine me ressemblant, me laissant entrer
malgré d'hermétiques frontières. Je les comprends, mais n'aurai jamais la prétention de pouvoir les guider. Juste présenter ce que je perçois comme
amour, liberté, force et bonheur. Simplicité qu'on délaisse parce que nos
questions sont trop tardives et dont nous refusons les réponses de toute façon.
À se croire
libre, on oublie que le geôlier, c'est
nous.