La nuit c'est toujours difficile. À force de penser, on perd le
sommeil et on ne fait qu'imaginer. Les rêves c'est bien, mais seulement quand
on est endormi.
Se raconter des histoires avant de
comprendre que rien ne bougera; que le soleil qui ramènera le jour nous
emprisonnant dans le quotidien et les responsabilités. Souhaiter quelques
malheurs qui nous poussera à nous demander : ''vais-je tenir jusqu'à la fin ?''
On oublie, on s'invente d'autres sorties
pour espérer le temps d'un verre trop festif ou d'une danse sans saveur. La
folie est passagère quand on sait qu'il y a tellement de gens que nous ne
rencontrerons jamais, des occasions ratées, des rendez-vous esquivés pour se
faire oublier nos propres blessures.
Que des pertes de temps qui s’enchaînent
au même rythme que les dépressions et les chagrins tempérés. Malgré tout, quoi
de mieux que s'attacher aux insignifiances et fausses fiertés de nos habituelles
conceptions du bonheur ? Du vent quand vient la nuit, la seule vérité pour ceux
qui ne peuvent s'éveiller.
C'est pour cela que je continue à me
raconter des histoires. De l'amour au repos, en passant par le quotidien
enchanteur et l'ivresse modérée, je m'efforce de me convaincre que la fin est
encore bien loin. Mais à force de parler, j'arriverai bientôt à la fin de mes
histoires.