dimanche 30 décembre 2012

Candeur qui s'en va

Sous la couette je tente de rêver. Je me laisse porter par l'insensé et l’irréelle. Le repos s'évade pour laisser sa place aux cheveux noirs de jais, au regard qui sonde les âmes et à cette attraction qui ne s'explique pas. Beauté lointaine aux langages troublants, je ne la poursuis pas; je l'observe déambuler poursuivant l'astre étincelle et saluant la douce chimère du soir.

Je me plais à attendre; à tenter de comprendre ce qui m'intrigue tant quand je la vois. Est-ce un caprice ou simplement le bonheur d'être là quand elle passe ?

Quand je m'étends et que seule son image m’apparaît, je perds ce que je suis l'instant d'une extravagance, d'une utopie alliant partage et possession de ses sens. Laissez-moi m'approcher, laissez-moi souffler à votre oreille des mots que je ne connais pas, vous montrer ce que vous ne pourrez voir, vous caresser et ravir un peu de cette chaleur où pourrait faire dormir mon coeur.

Malgré le vent déchirant ma peau, la neige barrant ma route et le froid qui écrase mes os; je m'abandonne à l'hiver qui ralenti tout. Mon esprit et mes visions accueillent donc une torpeur salutaire. La vie ne peut être qu'un rêve, aussi paisible et captivant soit-il.

Je me laisse tomber sur mon lit et m’aperçoit qu'il manque celle qui s'occupe de mon coeur quand m'engourdissent mes songes. Le chagrin d’antan a laissé sa place à la solitude qui parle. La discussion fût bien longue, mais je ne peux me laisser bercer par les bras du simple et magnifique partage ni offrir mon étreinte à ce regard qui chante. Un sourire qui ne se dissimule pas, mais se tient hors de portée.

J'attendrai donc avant de pouvoir converser avec ce souffle qui inspire mes nuits.

dimanche 23 décembre 2012

Souffle

Les moribondes envies chassant l'espoir malgré le bonheur, malgré l'optimale pensée d'une lumière à venir. Je m'arrête et regarde sans réel intérêt. J'invente ainsi la prochaine avenue que j’emprunterai. Aux voies imaginaires je suis le plus assidues. Rien devant que je puisse voir, que les formes qui s'évadent et me parlent comme si j'était leur ami, leur confident.

Sous la bourrasque, je chante et parcours des sentiers aux sillons familiers mais captivant. Loin de me douter que je fais surface, je souris et comprends pourquoi j'y suis. Sans tristesse se rencontre souvenirs et épreuves qui m'enveloppent, me bordent et fredonnent des airs d’antan, des mélodies vagabondes et des chansons qui s'incrustent comme des hymnes.

La nostalgie est toujours maîtresse de mes nuits de communion avec Solitude, maintenant j'y retrouve un refuge parce que j'ai compris : le bonheur a existé et reviendra comme le jour. Pas de temps nouveau ou de folles aventures : que le simple bonheur messager.

Un simple retour à la chaleur d'une créative et saine cacophonie aux rimes décevantes mais tout de même mélodieuse et douce. Tu t'y attendais, jeune homme, quand tu as répondu aux sourires qui te saluent malgré le Grégal nostalgique ou le Nordet conteur.

Dors, laisse ta tête reposer sereinement et fredonne encore les romances d'un coeur nouveau. Suspend l'ivresse et contemple ce qui tarde à s'approcher.  

jeudi 13 décembre 2012

Le Lâche

Des réfugiés arrivaient en masse à la forteresse demandant protection au seigneur de la région. Gregor assista la garde seigneuriale pour diriger la foule à l'intérieur de l'enceinte du château. Il fut, jadis, l'un d'entre eux : un garçon qui se sauvait devant les soldats, la guerre, la violence et la cruauté. Il était beaucoup trop sensible pour un soldat.

Il distribuait quelques couvertures et des vivres quand un gamin tira sur sa manche pour attirer son attention.

-Monsieur, est-ce que vous pourriez aller chercher mon frère ? dit le jeune garçon visiblement très inquiet.
-Je ne peux pas quitter mon poste petit. Où est ton frère ? Pourquoi n'est-il pas avec vous ?
-Il est resté chez nous pour protéger le village. Il est soldat vous savez. Mais il est tout seul.

Le jeune garçon reniflait et des larmes coulaient le long de ses joues.

-Il est soldat ? demanda Gregor intrigué.

Il serait beaucoup plus utile ici à défendre les murs avec nous, pensa-t-il.

-Écoute, je vais partir avec la patrouille dans une heure. Je vais tenter de me rendre à ton village et ramener ton frère. Décris-moi votre maison et je ferai de mon mieux pour le ramener. En attendant, je veux que tu veilles sur ta famille et que tu restes fort. Compris ?

Le petit garçon, au prix d'un incroyable effort, cessa de pleurer, fît un signe de tête et reparti vers sa famille.

Ce ne fut pas bien compliqué pour Gregor de se rendre au village. Il était un excellent pisteur et feint d'avoir aperçu les traces d'une petite troupe. Il se proposa pour pister ces ennemis imaginaires.

Le village était désert. Il avait déjà tué plusieurs charognards avant d'arriver au village. Les hordes du nord n'étaient pas encore en vue : aucun cor de guerre, pas de cri; que le vent qui soufflait anormalement fort. Il tenta de se rappeler la description que lui avait donné le gamin : une petite maison pierre aux volets verts près de laquelle se trouvait l'écurie du village. Quelques minutes suffirent pour trouver la maison. Le jeune soldat s'appelait Arald; Gregor s'approcha tranquillement de la maison et appela le jeune soldat.

-Arald tu es là ? Je viens du château. Je suis venu te chercher. Ta famille est à l'abri derrière les murs de la forteresse. Viens les rejoindre, tu pourras t'occuper d'eux et nous aider à défendre les autres réfugiés.

Son appel resta sans réponse. Il répéta à plusieurs reprise le nom du soldat jusqu'à ce qu'il soit à l'une des fenêtres de la maison aux volets verts. Adossé au mur, il passa la tête pour regarder par la fenêtre et vérifier si la maison était déserte. On voyait très bien à l'intérieur : le temps était nuageux et un feu brûlait dans l'âtre de la maison. En scrutant l'intérieur, il vit Arald là au milieu de la pièce.

Une colère incontrôlable le gagna. Il se dirigea aussitôt vers la porte d'entrée et l'enfonça d'un seul coup de pied. Le bois du cadre se brisa et la porte se trouva sur le sol. Arald se trouvait là entre la table et l'âtre; la peau blanchit, la langue sorti de sa bouche et un corde autour du cou. Le frère était pendu à une poutre du plafond.

Gregor était enragé : pourquoi avait-il fait ça ? Quel lâche ! Il avait laissé partir sa famille sans protection et n'avait même pas eu le courage de rester en poste comme il l'avait dit à son jeune frère. Gregor fit un pas en avant pour se rapprocher du corps et le décrocher et senti quelque chose sous son pied. Il s'agissait d'un bout de parchemin. Il le ramassa et se mît à lire :

''Il y a bien longtemps que j'y songe. Depuis que je suis revenu du nord avec cette blessure, je ne sers plus à rien. Je ne peux plus me battre, je ne peux pas aider aux travaux dans le village et même ma fiancé m'a laissé. J'occupe mon esprit en enseignant les lettres à Arnaud, mais le coeur n'y est pas. Je crois sincèrement que je ne trouverai plus jamais le bonheur. Je regarde ce qu'est devenu mon village et j'ai peur. Peur de ce que les gens sont près à faire pour quelques pièces et du manque de solidarité. Peur du jugement des autres. Peur de la solitude qui me suit depuis mon retour. Peur de ce que je suis; parce qu'au fond j'ai terriblement changé. Je suis incapable de comprendre ce que je dois faire ici. Je ne suis pas fait pour vivre dans un monde si convenu, je ne suis pas fait pour vivre avec des gens qui ne comprennent pas qu'on peut être autre chose qu'un mouton...je ne suis pas fait pour vivre.

Au fond, j'ai toujours su que j'allais mourir comme ça. Au début, je croyais que ce serait une lame qui m'emporterait. Celle d'un autre sur le champ de bataille ou la mienne. Finalement, j'ai vu mon sang coulé quelques fois, mais jamais assez. J'ai bien pensé au vide pour m'y jeter, mais ma peur m'a gardé au fond de mon terrier. C'est ma dernière compagne, la solitude, qui m'a aidé en me suggérant de profiter de la guerre pour faire fuir les autres et garder ce moment pour moi. M'étouffer ou me briser le cou grâce à une corde...rien de noble mais il fallait bien que ça se fasse. Quand les gens nous oublient ou nous chassent de leurs vies...on est déjà mort.

Je quitte ma vie sans regret. Je ne voulais pas faire de mal à ma famille ni à mes amis. Mais il s'agit de ma fin. Au moins j'ai choisi ma propre fin. On m'a déjà dit que je parlais trop, que je devrais être sérieux et penser à une vie plus rangée. C'est ce que j'ai fait : je suis devenu soldat, je me suis battu, je suis revenu blessé parce que je ne suis pas l'homme que les autres voulaient que je sois. J'ai continué à parler, mais surtout à écrire. J'ai changé bien malgré moi. Je suis passé d'amoureux à triste puis tout simplement absent. Je n'étais pas fait pour vivre, mais pour aimer.

Adieu. Arald. ''

Gregor ne comprenait pas ce qu'il lisait. Qui était cet homme ? Un vrai soldat serait à son poste. Un homme ne pouvait pas écrire quelque chose de la sorte. Il devait être malade, atteint d'une fièvre...non. Cet homme était tout simplement un lâche qui ne pouvait plus contrôler sa folie. Tout simplement.

Il déchira la lettre d'adieu d'Arald et la jeta au feu. Il prit un morceau de bois qui se consumait lentement dans l'âtre et se dirigea lentement vers le corps qui se balançait encore au bout de sa corde. Gregor posa un dernier regard dégoûté au cadavre et y mît le feu. Il s'assura que les flammes de répandaient à toute l'habitation avant de quitter.

Malheureusement, Gregor est arrivé trop tard. Des éclaireurs ont attaqué le village et son dernier habitant. Arald réussi à en abattre trois avant de succomber aux coups de ses assaillants qui étaient en surnombre. Les éclaireurs mirent le feu au village avant de continuer leur chemin. Arnaud allait être fier de son frère le courageux.


lundi 10 décembre 2012

Danse avec l'inexplorée


Sombre invitation qui fend l'air et me rejoint sans que je puisse la voir. Belle surprise qui colore le passage du temps et l'impérative tentation d'appeler. Un regard invitant à l'indécence. Une surprenante passion se pose sur moi et me colle à la peau malgré l'assommant ennui.

Rien de plus qu'une visite aux mots troubles, mais qui réchauffe l'air et réanime mes sens engourdis. Douce perquisition de mon attention beaucoup trop centrée sur ma triste personne.

Le quotidien mensonger m'empêche d'espérer, d'imaginer à outrance et même d'oser. J'ai longtemps préféré le regret au refus, tout cela change. Les moments tendres, des regards que je ne peux comprendre et les sourires qui se compliquent le lendemain sont beaucoup mieux que la simple inaction ou de feindre l'indifférence.

Je divague et discute cette solitude qui s'ennuie plus que moi. Elle se venge en contrant mon sommeil grâce à des souvenirs et des images plus fortes que ma raison. Face à Solitude, je parle. Je parle mieux et plus franchement qu'avant. J'assume ce que je suis, mais surtout ce que je désire. Je reste seul, mais surtout vrai. J'essaie de vivre et je réussis.

Le matin me rencontre au bout de mon insomnie. J'observe son arrivée. Fine ligne qui se dessine près de l'horizon. Je la vois venir, cette femme qui se refuse, se donne, fuit, sourit, me repousse et m'enlace. Je tente de la rencontrer, mais ne s'approche pas. Elle m'attire avec des lèvres qui restent muettes et ce corps qui m'inspire des nuits de cris et de caresses d'une franche et tendre maladresse. Près de moi, elle ouvre les yeux avec le jour. Elle attend de voir ce que l'on deviendra.

S'approche finalement la seule réalité qui masque l'horizon. Lumière tardive qui me replonge vers la sombre solitude. Contre toute attente, je l'aperçois qui danse seule et garde le jour contre elle pour que je puisse continuer à l'admirer. La seule chose qui me peine, c'est que nous ne savons pas encore qui nous sommes.

vendredi 7 décembre 2012

Que du rêve

Quand vient le temps nouveau où l'incertitude et les joies se rencontrent, on se reconnait. Sous la douce brise  des matins troubles, je suis tout de même là seul mais fort.

Les poésies changent elles aussi. Rien de vraiment nouveau...différents c'est tout. Même si les jours changent, les nuits restent là à attendre que je me pose et que je prenne le temps. Le sommeil ne vient que trop tard. Je sais déjà que mes songes seront pollués par la solitude et les mots qui ne viennent jamais au bon moment.

Malgré tout, les sourires s'accrochent et me reviennent facilement quand la nuit s'évade. Étoiles et charmes se mêlent et dansent au levé. Beauté, mais surtout envie profonde de les rejoindre. Les pas se dessinent seuls. Le mouvement est gracieux, naturel comme le sourire de la muse nouvelle.

Belle chanson rythmée par le mystère et la beauté d'un regard qui me cherche...bien étrangement. Malgré la nuit qui se termine, je ne pourrai me défaire de cette douce odeur qui m'accompagne jusqu'au repos.

Vivement autre chose, vivement un autre verre pour continuer à rêver.  

samedi 1 décembre 2012

De retour

J'ai quelque chose de trop en moi. Le vide attise une flamme qui m'éveille mais me rend fou puisqu'il s'agit de ma seule lumière. Ce vide a disparu. Il y a autre chose.

C'est l'amour qui me gagne et me guide. La douleur est toujours présente, mais cette fois elle vient du fait que je ne peux pas être l'homme que je suis : foncièrement amoureux. Je cherche l'amour qui pourra me réconforter, calmer mon coeur et mon âme vagabonde. Je veux donner cette douceur qui guide mes mains et mes lèvres quand vient la nuit. Je veux d'une chaleur qui se transmet par la peau, une lumière originaire d'un regard et la beauté qui s'écrit.

Je veux du partage des sens et des inconvénients qui l'accompagnent. La laisser comprendre mon intimité et explorer la sienne. Pouvoir parler à quelqu'un qui veut vraiment comprendre; quelqu'un qui voudra de mon aide.

C'est aimer et être aimé que je veux. Je ne veux pas poursuivre l'amour; je veux seulement le rencontrer. Partage est le mot qui incarne ce que je suis. Dire et être sans me cacher, quelqu'un qui veut ce qu'elle voit. Je suis prêt à me battre, mais pas à me perdre.

C'est une nouvelle flamme qui brûle prêt de mon coeur sans quitter ma raison. C'est un amour vrai qui m'anime et fait couler des larmes quand Solitude me couvre pour chasser d'autres malheurs. Je pleurs parce que j'aime ce qui n'existe pas.

Mon monde s'est reconstruit malgré l'auto-destruction, l'immobilisme, les attaques et le désespoir. Mon coeur d'homme s'est rétabli et cherche à nouveau celle qui osera.