Aux soirs trop doux s’invitent les astres
moribonds. L’unisson céleste m’extirpe de l’ignoble réel. J’y étouffe
l’immédiat et fuis vers l’improbable et l’onirique.
Une nuit entière à penser à cet étonnant
regard dans lequel le temps s’est tu. Les heures se mirent à courir dès
l’instant où les mots s’invitèrent, l’un vers l’autre. J’étais prisonnier, mais
libre. Libre de revenir sans cesse à cette soirée s’apparentant à une vive
étincelle sans flamme.
C’est lorsque je déambulais sous
l’agressante et bravache lumière des étoiles que je me suis de nouveau retrouvé
auprès d’elle. Sans quitter ses yeux, je me suis approché, sans un mot. Un
sourire s’est alors dessiné sur son visage, ce visage que j’avais admiré plus
tôt sans rien laisser paraître de mon admiration, mon désir.
Lorsque je fus tout près d’elle, mes doigts
se sont mis à parcourir, pour un instant, la peau de cette femme. Elle
continuait de sourire, de me regarder; il n’y avait que nous. Les dernières
heures de la nuit finirent par nous enlacer, nous protéger de ces moments
galopant encore à notre suite.
Sous le couvert d’un temps daignant prendre
une pause, nous nous sommes embrassés. Doucement, tendrement, que ce désir un
peu trop timide pour l’actuel, l’officiel. Nos lèvres se touchèrent, nos yeux
se fermèrent.
C’est la légère brise d’automne qui finit
par pousser dans le dos du présent en repos. J’ouvris les yeux soudainement et
m’aperçut qu’elle n’était pas revenue. Seul sur le trottoir, je contemplais un
rêve qui se plaisait bien à me narguer. Même si je maudissais l’intervalle où
je m’étais laissé prendre au piège, je ne regrettais en rien cette interruption
du vrai.
C’était probablement la seule façon que j’avais
enfin de connaître cette paix, ce soulagement de pouvoir dévoiler un désir trop
timide à cette femme qui s’apparente aux astres qui intriguent. Le seul fait de
pouvoir l’admirer devrait donc me suffire.