mardi 23 avril 2013

Sourde constance


Je suis trop près de toi. J'ai peur que tu me prennes dans tes bras, que tu m'embrasses et laisse s'éveiller mon coeur. J'ai peur d'être aveuglé par tes faiblesses et ton sourire si sincère. Peur de trop m'attacher à toi, te voir quitter parce qu'il ne faut pas espérer ni changer.

Il m'est difficile de vivre près de toi. Je me perds et imagine ma vie comme si tu pouvais réellement y rester. Mais c'est la rationalité et mes blessures qui me gardent et m'enchaînent pour ne pas que je me perde en toi. À tes côtés, mon coeur me fait mal, mais littéralement. Il bondit et tente de déchirer ma poitrine. Tu me transformes. Je suis faible quand tu me regardes, je ne peux plus me défendre quand ton regard se pose sur moi.

J'ai peur de toi, de ce que tu pourrais me demander, de ce que je vais devenir si, un jour, tu te laisses tomber dans mes bras. J'ai peur des fins qui ne viennent jamais; j'aurai donc peur de la fin de cette histoire qui ne débutera jamais. Je m'enlise dans les infinies possibilités et les images qui s'inspirent de toi.

Je finirai par m'y faire. À te voir heureuse autrement, à vivre avec une autre ce que qui aurait dû se passer avec toi. Je suis près pour une fin sans commencement, pour laisser passer un rêve déjà trop amer. Je vieillis finalement.

Je le savais que ces craintes étaient fondées, qu'elles avaient le droit de crier comme je l'ai fait. Maintenant, je les écoute parce que je suis courageux.

dimanche 21 avril 2013

Au lit

Brève tentation lorsque je retrouve mon lit.
Je garde les yeux ouverts jusqu'à l'aube.
J'imagine la simple expression, l'unique sensation que laisse l'espace vide de mon lit.
J'aperçois de clairs et sombres regards au moment où le sommeil m'appelle. Il est déjà trop tard.
Quand j'ouvre les yeux, tous ont disparu.
Que le son des rêves qui s'évanouissent et du jour moqueur.
Quand vous gagnez l'aube, il y a bien longtemps que je suis parti.

lundi 15 avril 2013

Polluant

T'es-tu endormi sans moi une fois de plus ?
Qu'est s'est-il passé pour que je sois capable de revoir tes yeux ?

Mes sourires m'ont été enlevés il y a si longtemps que la joie m'avertit toujours avant d'arriver. Que le rythme qui vient s'abattre contre mon cœur et qui m'arrête le temps d'un combat.

L'odeur du sang tente de me ramener à moi, mais je me tiens bien droit à regarder des plaies qui me salueront à chaque fois que je me dénuderai.

Jeunesse qui s'en va me rappelle que je ne suis pas sage ni fort. J'ai craché sur vous mes chers, mais sachez que la seule raison de tout cela, c'est que je ne sais pas viser.

vendredi 12 avril 2013

Douze lunes sous les saisons

Les saisons ont passé et me revoilà au printemps. Sous un soleil ayant retrouvé sa force et en regardant fondre la neige, je me souviens.

C'est lors du réveil de la nature que je me suis endormi; que j'ai fui le jour le temps d’accepter et comprendre ce qui allait advenir de moi. Malgré les efforts et les larmes, c’est la fin que j’ai rencontrée au printemps. J’étais au sol, un poids sur la poitrine, incapable de me lever. J’en ai donc profité pour revisiter mes souvenirs. J’ai fait le malheureux constat que tout ce temps, il fallait que je sois quelqu’un d’autre. Dès le début, j’aurais dû me rendre compte que je ne serais jamais moi-même si je me laissais bercer par cette histoire. J’ai pleuré jusqu’à ce que je m’effondre. J’ai crié sans que personne ne puisse fuir quoi que ce soit, je me suis perdu là où je ne voulais jamais aller. Ce sont de douces voix s’accompagnant d’harmonies que j’ai gardées comme confidentes. Je leur répondais en les imitant.

L’été tenta de réchauffer mes nuits. L’astre s’acharna sur moi. La chaleur me tînt éveillé et me harcela. Face à moi-même, je suis devenu fou, hystérique et violent. C’est quand les rues sont pleines que je me suis évadé avec douce Ivresse et ses complices. Je me suis réconcilié avec des mots crus, avec l’attente et la naturelle déception. Je me suis mis à me parler et à laisser entrer les autres comme le font de vrais invités. Malheureusement, j’étais toujours faible. Brisé par l’aveuglement de mes vingt ans, je n’étais tout simplement pas prêt à tout ça. J’ai emménagé avec Solitude. Je voulais la foutre à la porte, mais il fallait que je fasse sa connaissance. J’ai dormi dans d’autres lits pour échapper à ce que je devais faire. Après cela, tout ce que je voulais était de rester dans ces lits qui me permettaient de rêver.

Le vent d’automne me rappela dans ma réalité et me montra qu’il est possible de danser sans tomber. J’étais devenu plus vrai; j’ai réussi à retrouver une partie de ma réelle essence et à la comprendre. Mes mots devinrent réalité et se mêlèrent à mes rêves et désirs. Certains de ces rêves me retrouvèrent dans la réalité, le temps d’une étreinte, d’un verre, d’une discussion, d’un jeu…C’est ainsi, en regardant tomber les feuilles, que j’ai perdu des amis parce que j’étais trop vivant, trop moi. Je n’en veux à personne, parce qu’au fond, ce que je redevenais et désirait ne les intéressaient pas. C’est à ce moment que mes yeux s’ouvrirent et que mon cœur comprit sa propre nature. Malgré tout, j’aurais dû retenir mes élans et ce désir du vrai à tout prix. J’aurais dû contenir ce qui ramena les larmes.

L’hiver gela tout. Je me suis posé pour contempler la longue nuit. C’est le calme qui vint discuter avec moi. Ainsi, paisiblement, je regardais passer les sourires complices et les mots tendres que s’envoyaient les gens. Solitude parlait toujours aussi fort, mais j’avais appris à l’écouter. Les portes closes par le vent et le froid gardaient les autres loin de moi. J’ai dû vivre plus simplement. La nuit ne se terminait jamais. Le son du piano guidait mes pas dans les tempêtes pour que je puisse retrouver ce qui me plaisait encore chez ces autres. Ce sont les portes de curieux établissements que j’ai poussées. J’y suis entré et m’y suis engourdi sans réelle raison ni but précis. J’y étais, c’est tout. J’ai erré au gré des vents du nord, j’ai bu ce qu’on m’offrait jusqu’au lever du jour. C’est lors de cet hiver que j’ai accepté de vivre sans grand bonheur.

Le printemps tarde à revenir. Je l’attends pour qu’il puisse me dire si j’ai réellement changé suite au passage des douze lunes. Je sais que je bois, je chante, je danse, je pleure et que j’espère autrement. Mais, c’est cette nature qui tente de me plaire et me guérir qui pourra réellement me dire si tout est bien du passé. En attendant, je reste assis là à attendre et à apprendre comment on se garde de la folie.