-2004-
Il y a des nuits qui nous ramènent sur terre et nous promettent
des fins comme on les veut : plus rapides et douces.
Malgré toutes ces nuits, j'ai toujours
réussi à survivre. Mes rêves n’avaient rien à voir avec tout ça, que
l'épuisement et les peurs qui s'alliaient pour en finir avec mon souffle déjà
trop hésitant.
Même le jour, rien ne m'appartenait.
J'avais beau tout voir, tout entendre, je croyais quand même que rien ne
pourrait me retenir. J'ai beau tenter de contenir ma tête, mais elle s'emballe
et gueule. Je n'ai d'autre choix que de l'endormir avec des nuits sans fin et
de trop longues gorgées. Mais les mots s’invitent aussi et s'efforcent de me
sauver d'un carnage annoncé.
Quand l'encre coule, c'est l'odeur du sang
qui me vient au nez. Ces blessures qui ne se referment jamais et celles qui
naissent parce que je me suis lancé, parce que je me suis laissé tomber, parce
que je ne saurai jamais me protéger.
La seule tranquillité que j'ai reste
artificielle ou trop courte pour que je puisse me retrouver. J'ai changé avec
les lunes et me suis retrouvé assoiffé et perdu. Même la solitude s'est
suspendue et attend de voir elle aussi comment je vais me réveiller.
Il n'y a plus que moi et ce sentier que je
ne retrouve pas, mais que je connais si bien. Que du temps que certains
considèrent perdu, mais moi je sais que je finirai par le retrouver. À force de
plier l'échine à chaque caprice de ma tête, j'ai peur d'y laisser ma peau et de
ne plus jamais pouvoir me relever.
Cette fois encore, je pleure comme la
première fois et j'enrage à m'en faire peur. Il n'y a rien d'autre que
l'obscurité de ma chambre pour me rappeler que même si je n'en peux plus, je
ferai tout pour survivre.