J’ai le goût du feu.
Cette pulsion qui pousse vers le précipice.
Je rage d’être mon propre captif.
Enfermé au cloitre de la peur et en exil des autres.
Des nuits à pleurer, à ne plus comprendre.
Seul à braire à en vomir, mordre nos chairs et
m’arracher le cuir chevelu à force de pensées, d’oublis.
J’y suis de plus en plus.
Sous l’astre hivernal, ma peau fond, ma chaleur
s’évade et je me perds même dans la lumière.
Pas de baume, ni rien d’autre pour soulager ces plaies
ouvertes à grands coups de ‘’tout seul’’ et ‘’d’avoir su’’.
Je m’attache à cette roue, ce cercle maintes fois
caressé qui ne carbure qu’au vicié.
Ce qui n’est pas pour me déplaire.
Quand enfin tous s’endorment, je reste là à danser en
tempête.
Je raconte et chante devant une foule retenue, aphone
quand vient le temps d’y plonger.
On me jette au sol, m’y maitriser, me faire goûter au
bitume afin de bien me faire connaitre ma place.
À me faire piétiner afin de servir de tremplin pendant
qu’on jette son lest dans mes oreilles pour se confier.
Finir par m’éventrer; manière de me soustraire à la
torture.
Masochisme et silence s’entendent étrangement bien en
me retenant enchainé à cet ennui symphonique.
Virtuosité rageuse prenant son envol, mais s’écrase
aux premières lueurs, pour me garder agonisant. Un chien au fond d’une ruelle.
Malgré tout, j’aboie.
L’écume de ma gueule, ainsi projetée, vous colle au
visage et vous permet enfin de sentir cette purulence, cette nécrose qui finira,
un jour ou l’autre, par m’éteindre.
Au fond de mon trou, je finirai agonisant, à boire
l’eau croupie et pâtir sans retenue sur l’étincelle qui osera y trouver son
chemin.
C’est éteint que j’expirerai, allumette à la main à
fantasmer le lendemain.