Je suis tombé.
À travers les désordres, j’expire bruyamment,
agonisant, vomissant sans tempérance sur un plancher déjà collant.
On me met au défi sans savoir d’où je viens, sans
vouloir être témoin du sort qu’on m’a réservé.
On me sert la nuque, comme motivation et rappel de mon
état d’esclave.
Immobile sans chaînes, je mange ce qu’on daigne me
lancer.
Je me régale.
Mes genoux m’ont abandonné en terre, impossible de me
relever.
Je disparais, au diapason de la lâcheté et de sa
fiction.
Histoire inachevée qu’on devra, peut-être un jour, me
traduire.
J’invente alors autre chose pour me remettre à
respirer, à voir mon monde et esquiver le nœud.
Je panique sous cette lumière expirante, envahissant
le sensible et le vrai pour l’amadouer, tuer sa langue et le laisser, à son
image, dépérir en parlant de nécessité.
Le mot juste s’évade alors et me laisse affamé.
On vient en finir avec mon impatience, le rêve n’en
peut plus.
Il est écrasé sous le talon, cruellement on accentue
la pression.
On se délecte de l’odeur d’amertume et de regret pour
finir par nettoyer sa semelle sur mon dos.
Autrefois fier, je disparais sous vos pas.