jeudi 11 mai 2023

Trône

Je porte l’invincible; rien pour me maîtriser.

Je hurle et dirige mon regard au-dessus de ces murs, inclassable enceinte aux couleurs des autres qui s’y écrasent, boivent vermeil et raclures aux pieds de ces garde-fous.

Frapper l’envie de se défaire les jointures, rendre gorge à force d’épuisement parce que tout bouge plus vite, rien ne m’attend sur la piste pour accompagner mes pas.

Les notes se taisent, laissent entrer le froid s’efforçant de trancher mes os.

Je m’endors dans la glace, heureux de pouvoir prendre cette pause.

Appui sans lequel j’aurais à nouveau plongé.

Des nuits sans rêve, une courte et réjouissante mort, éphémère mais tout aussi terrifiante.

Malgré balafres et mutilations, je laisse les pointes aiguës et frigides pénétrer ma peau; à la fin je m’y repose.

Le sang se mêle à l’eau du miroir fondant sous le poids d’un avare et assoiffé néant.

Prisonnier d’un destin forgé chez les autres, j’invente et espère, m’éventre et accepte mon exil sans suzerain.