vendredi 24 février 2023

Pyromane

 J’ai le goût du feu.

Cette pulsion qui pousse vers le précipice.

Je rage d’être mon propre captif.

Enfermé au cloitre de la peur et en exil des autres.

 

Des nuits à pleurer, à ne plus comprendre.

Seul à braire à en vomir, mordre nos chairs et m’arracher le cuir chevelu à force de pensées, d’oublis.

 

J’y suis de plus en plus.

Sous l’astre hivernal, ma peau fond, ma chaleur s’évade et je me perds même dans la lumière.

 

Pas de baume, ni rien d’autre pour soulager ces plaies ouvertes à grands coups de ‘’tout seul’’ et ‘’d’avoir su’’.

Je m’attache à cette roue, ce cercle maintes fois caressé qui ne carbure qu’au vicié.

Ce qui n’est pas pour me déplaire.

 

Quand enfin tous s’endorment, je reste là à danser en tempête.

Je raconte et chante devant une foule retenue, aphone quand vient le temps d’y plonger.

 

On me jette au sol, m’y maitriser, me faire goûter au bitume afin de bien me faire connaitre ma place.

À me faire piétiner afin de servir de tremplin pendant qu’on jette son lest dans mes oreilles pour se confier.

Finir par m’éventrer; manière de me soustraire à la torture.

 

Masochisme et silence s’entendent étrangement bien en me retenant enchainé à cet ennui symphonique.

Virtuosité rageuse prenant son envol, mais s’écrase aux premières lueurs, pour me garder agonisant. Un chien au fond d’une ruelle.

Malgré tout, j’aboie.

L’écume de ma gueule, ainsi projetée, vous colle au visage et vous permet enfin de sentir cette purulence, cette nécrose qui finira, un jour ou l’autre, par m’éteindre.

 

Au fond de mon trou, je finirai agonisant, à boire l’eau croupie et pâtir sans retenue sur l’étincelle qui osera y trouver son chemin.

 

C’est éteint que j’expirerai, allumette à la main à fantasmer le lendemain.