samedi 18 mars 2023

Abri

Sous le poids de l’habitude sédentaire, je me suis mis à avoir peur. Peur du ciel, des étoiles, mais surtout de vous.

Les autres qui peuplent ma taciturne réalité, mon matin sans lumière qui se joue de mon amour des nuits aux effluves sirupeux, plongés en engeance.

Recroquevillé en douce agonie à attendre vos haines et crachats, hanté par les moqueries et une indifférence chronique, vautrée dans vos regards gausseurs.

Je pensais pouvoir fuir une fois adulte; ma naïveté m’a peaufiné, m’a coupé la langue pour en laisser s’écouler ma pétulance, elle aussi à la recherche d’un abri.

À déguster haine et mort; je déambule en harmonie, accompagnant les mensonges vers ce retranchement. Le confinement que je construis depuis l’enfance fantasmée, finalement en grande partie oubliée.

Je me perds dans le papier depuis que je le peux, seul véritable refuge en attendant que quelqu’un daigne et ose me regarder, m’écouter.

Je me suis enfoncé en moi. Tel le rat qui tente de survivre, j’ai trouvé ma cachette.

Mon temps avance sans moi, je suis à la remorque des apparences et rires pour me permettre d’être avec vous : celles et ceux qui m’ont oublié avant de me rencontrer.