dimanche 28 décembre 2014

Être (ou absence de vérité)

Vivre c'est cette lente agonie qui nous confronte à l'autre et sa différence, à nos imperfections et au paradoxe incarné par le fait d'être :

-Être conscient de son insignifiance ça nous permet d'arrêter de se prendre au sérieux.

-Être honnête, c'est se raconter des histoires et être prêt à blesser l'autre.

-Être cynique, c'est être trop réaliste pour son propre bien.

-Être poli, ce n'est pas assez pour que je te respecte.

-Être vulgaire n'est pas l'antithèse du beau et de l'intelligent.

-Être intelligent, ou même le prétendre, vous oblige au dialogue, l'écoute et l'ouverture.

-Être beau, c'est un travail de tous les instants.

-Être heureux, c'est provisoire, soyez averti.

-Être malheureux, c'est provisoire...ça aussi.

-Être talentueux, ça ne sert à rien si on ne se comprend pas et si la volonté reste muette.

-Être différent, c'est se mentir.

-Être amoureux, c'est avoir peur.

-Être en colère, c'est naturel.

-Être absent, c'est frustrant, car le monde continue, malgré tout, de tourner.

-Être obsédé par son image, c'est se refuser le repos et la paix.

-Être libre, c'est un beau rêve.

Être c'est un peu tout ça et rien à la fois. Je ne dis pas la vérité, mais j'y songe constamment.  

mardi 16 décembre 2014

Sommeil

Sans rien d'autre que le temps qui raconte, je me laisse porter par des notes familières. Doucement, je me glisse dans l'inconscience, dans le sommeil innocent qui accompagne la routine.

Je pense me reposer; je rêve à ce que j'espère et ce que j'ai eu. 

Une belle naïveté qui tente de me convaincre que cela peut changer. 

J'ai peur de tout perdre parce que je suis moi; j'ai peur de ne plus rien découvrir, car je me contiens.

J'en ai assez de murmurer mes craintes. Je veux chanter et m'accompagner de l'ivresse de la colère, des sanglots, mais aussi de sourires et de regards furtifs qui se mêlent à la foule.

Quelques minutes de plus, c'est tout ce que je demande. Un temps d'arrêt pour reprendre mon souffle, une pause pour me débarrasser de mes larmes, la nuit pour renaître.

C'est doucement que tout se termine chaque soir. C'est difficilement que je l'accepte. C'est épuisant de se sentir aussi vide.

Encore une fois, le temps me raconte des histoires que je connais déjà et , malheureusement, je ne m'en lasserai pas.

mardi 25 novembre 2014

Liste (j'aimerais)

J'aimerais être moins sensible. Trop de trucs m'atteignent, c'est épuisant.

J'aimerais pouvoir être en paix. La quiétude a foutu le camp il y a bien longtemps.

J'aimerais pouvoir créer; pas juste quand je suis sur le point de perdre le contrôle ou de me briser.

J'aimerais être moins matérialiste. Cet attachement à mes biens et à ce que je veux c'est quand même assez invivable.

J'aimerais m'arrêter.

J'aimerais pouvoir être plus généreux.

J'aimerais être discipliné.

J'aimerais être moins conscient. Parce que ça aussi ça fatigue.

J'aimerais avoir moins peur; au moins, avoir plus de contrôle.

J'aimerais que mon orgueil prenne des vacances.

J'aimerais pouvoir me passer des autres.

J'aimerais comprendre les autres.

J'aimerais ça chanter quand je veux.

J'aimerais m'aimer tous les jours.

J'aimerais ça être vrai tous les jours.

J'aimerais ça que les autres me comprennent.

J'aimerais ça parler grec. Pourquoi je le parle pas alors que j'avais un bon prof...voir le bout sur la discipline.

J'aimerais être bien au Québec.

J'aimerais que l'hiver puisse parler, que l'été puisse danser et que l'automne et le printemps chantent.

J'aimerais ça comprendre ce qui se passe chaque fois que je pleure.

J'aimerais ne pas à avoir mal pour écrire.

J'aimerais ça me rendre à la fin.

lundi 10 novembre 2014

Liste (j'aime)

(Merci à mon amie Sylvianne.)

J'aime ça être impoli et grossier. Pas toujours, mais quand y faut, ça sonne plus vrai.

J'aime ça faire de la radio autrement. Parler de sujets différents et me permettre de diffuser de la musique différente.

J'aime la musique métal pour son ouverture, son audace, sa pesanteur et sa sensibilité.

J'aime les jeux, car ce sont les seuls moments de ma vie où je réussis à décrocher complètement.

J'aime la diversité et la différence. Quand les gens ne me ressemblent pas, j'apprends, j'évolue et je réfléchis. Je ne suis pas obligé de tout aimer, mais j'aime que tout ça existe.

J'aime les mots parce que c'est avec eux que je réussis à me faire comprendre. Je lis parce que je veux les découvrir et j'écris parce qu'ils sont trop nombreux à se bousculer dans ma tête.

J'aime la femme. J'aime la douce, l'empathique, la compréhensive, mais surtout ouverte d'esprit, forte, dérangeante, combattante. Une femme qui n'aura pas peur de me dire que je suis un épais, mais qui va écouter ce que j'ai à dire.

J'aime la nuit. Parce qu'elle laisse la place aux moins propres, aux désirs cachés, aux pensées trop timides pour se montrer à la lumière.

J'aime le silence. Même si je me ferme rarement la gueule.J'aime les vrais silences; ceux de la solitude, mais aussi ceux qu'on devrait se permettre d'avoir avec quelqu'un d'autre. J'aime me rendre compte que je suis bien avec quelqu'un malgré le silence.

J'aime me tromper. Ça me ramène sur terre et, encore une fois, j'apprends.

J'aime la franchise même si elle fait peur ou qu'elle dérange.

J'aime ça parler...pas dans le vide, mais bien discuter. Mais bon, je sais que je parle trop.

J'aime ça suivre mon instinct...même si c'est pas toujours la meilleure idée.

J'aime ma famille. Je le répète souvent, mais c'est l'amour le plus fort au monde. Malgré les différences, les chicanes et le temps...il y a tout le reste. Rien de plus fort que ce lien.

J'aime mes amis. Je serais prêt à faire bien des choses pour mes vrais amis. Ces amis-là, je les ai toujours considérés comme faisant partie de ma famille.

J'aime marcher. Ça me donne le temps de réfléchir et d'écouter de la musique autrement.

dimanche 9 novembre 2014

Le dernier droit

Je n'y peux rien.

Tout est à recommencer et pourtant on ne s'en fait pas.

Tout est normal puisqu'on nous l'a dit.

Tout est fou, mais c'est comme ça qu'on se sent vivre.

Tout s'évade; on veut bien courir, mais après quoi ?

Rien n'est simple même si on se tue à vouloir prouver le contraire.

Rien ne se peut, mais on continue de rêver.

Rien ne s'invente, mais nous sommes tous des génies.

Rien à comprendre sauf peut-être comment ça va finir.

Je n'y peux rien.




lundi 3 novembre 2014

L'esclave

Je manque de moyen pour me contrôler. Contrôler cette imagination qui s'anime seule sans mon consentement. Les nuits sont longues quand les rêves arrivent avant le sommeil.

Tranquillement, je tente de m'adapter et de comprendre ce qui pousse ma tête vers cette suractivité; cette tempête sans accalmie aux accents inquiets. C'est pour cela que j'aime me perdre dans l'intangible et l’artificiel. Ce qui me tue c'est de penser que tout est réel alors qu'au fond je n'en sais rien. 

Impossible d'arrêter ce flot incessant d'idées, d'images et de souhaits qui se fabriquent entre eux. Du bonheur qui s'y glisse à l'occasion sans trop parler de peur qu'on le découvre. Doucement tout s'assemble et s'installe devant moi comme une évidence. 

La fatigue n'y peut rien. Même les yeux fermés et la réalité en attente, tout s'écrit et m'attend de l'autre côté de la nuit. Les matins ne sont jamais tranquilles, parfois moins gueulards que le précédent. Malgré tout, je souris parce qu'au fond j'aime ça. J'aime les idées qui forcent ma porte. De la pensée la plus noire aux thèses les plus absurdes, je trouve toujours quelque chose à garder. 

À défaut d'être reposé, je suis diverti. J'accepte de vivre comme ça parce que cet imaginaire m'est cher. J'aime penser, me poser des questions et réfléchir même si ça doit m'empêcher de dormir. J'ai toujours détesté dormir parce que je perdais du temps précieux. La nuit a toujours été plus généreuse avec moi que le jour; c'est pour ça que j'aime l'automne et l'hiver. C'est mon domaine que celui du froid et de la noirceur. 

C'est là que j'aime me perdre avec la musique, les mots et mon increvable imaginaire. Ce qui sort de tout cela est loin d'être toujours bon, mais au moins il en sort quelque chose.

Certains sont esclaves de leur boulot, d'autres de l'argent, moi je serai mon propre esclave.

jeudi 16 octobre 2014

Ma foule

C'est une nuit qui ne jase pas comme les autres. J'ai beau essayé de la comprendre, mais ça passe juste pas. Les mots n'ont rien de spécial, c'est juste une histoire trop banale pour que ça compte.

Toute petite vitrine qui me laisse m'évader à chaque gorgée, c'est à ce moment que je peux être autre chose qu'une attente ou une image que je ne serai jamais. La seule chose que j'ai dans la tête c'est un fantasme qui ne pourra jamais se taire, qu'une intensité qui bouscule tout.

Rien de plus que le temps qui s'excuse de ne pas passer plus vite, qu'une mémoire sans talent et un paradoxe qui s'acharne. Ça reste toujours plus vrai que l'espoir.

De courts instants qui s'appellent pour comprendre ce qui reste à venir, des murmures vengeurs qui n'attendront pas de fin heureuse. Au bout, il y a ma colère unique qui n'ose jamais venir; elle a peut-être peur des autres elle aussi.

Petit à petit tout s'explique et je réussis à me convaincre que tout est pour le mieux. Je marche dans la foule à vous regarder et me demander si vous êtes vraiment là ou si je suis seul. 

Je laisse parler la musique et j'attends que tout change d'un coup. Je n'ai jamais été patient.

jeudi 18 septembre 2014

Au bout

Ce matin, je me suis réveillé fatigué, usé. J'ai toujours trouvé ça étrange de me réveiller en pleurant. La journée est neuve, tout est possible, mais j'ai quand même l'impression de me réveiller dans une prison. 

Ça fait quelques mois déjà que je suis chômeur et je ne doute pas de mes compétences et de mon talent, mais j'en ai quand même assez. Assez d'attendre, assez de mettre mon avenir entre les mains d'inconnus qui n'osent même pas me rencontrer, assez d'être ignoré. Même si on sait et que les gens nous disent qu'on est bon, c'est difficile d'y croire quand on ne reçoit rien en retour de ce talent.

Être ignoré, c'est pesant. On sait que ce n'est pas personnel, c'est juste comme ça. On passe nos vies à le faire et quand ça tombe sur nous, nous aussi on tombe et de haut. C'est frustrant de ne pas pouvoir faire la différence.

On ne s'habitue pas. Il y a des matins moins oppressants, mais le ciel reste toujours d'une drôle de couleur. 

Il y a aussi les femmes qui me font douter. C'est bien normal. 7 ans et demi de couple et 2 ans de célibat plus tard, je me retrouve assez ignorant, je dois le reconnaître. Je ne sais pas quoi faire et surtout pas comment le faire. J'en ai rencontré des belles femmes. Et attention ici, quand je dis belles c'est belles dans tout : leurs corps, leurs têtes, leurs idées...Dans ces femmes, il y en a qui m'ont carrément bouleversé. J'ai fini par oublier et je me suis rendu compte que l'amour n'est pas là. 

Malgré le fait que je ne suis pas pressé, que j'attends de voir une vraie flamme s'allumer, les bras d'une femme ça me manque. Cette chaleur sincère, les discussions douces et le réconfort qu'on peut s'offrir l'un à l'autre. Être soi-même tous les jours avec une femme qui nous comprend et pouvoir se laisser aller véritablement...c'est difficile à trouver, mais c'est ça que je veux.

En attendant, je me pose trop de questions sur tout. J'essaie de vivre sainement mon célibat en même temps que ma vie de chômeur et c'est beaucoup plus difficile que je le croyais. On a beau essayer d'être fort, mais quand on tombe, on tombe c'est tout. Le plus difficile c'est d'admettre qu'on en peut plus.

Je n’écris pas pour me plaindre, mais juste pour que ça sorte. Parce qu'avec le fait d'être ignoré, de ne pas savoir quoi faire avec les femmes et d'être fidèle à ses choix et convictions, il y a la solitude qui reste là bien tranquille. Et je vous confirme qu'elle est pas très jasante.

mardi 16 septembre 2014

Désir sans voix

Tu es la seule, la belle. C'est fou, mais à chaque fois que je te vois, j'ai l'impression que sera la dernière. Je goûte tes sourires, mais ils sont trop loin.

Même si je pouvais te le dire, t'en ferais quoi de ce désir qui s'emporte et qui chante tellement fort qu'il me dérange. Un penchant pour toi qui doit être plus sauvage que moi. Je sais qu'à sentir ta peau sur la mienne, je ne ferais pas que perdre le nord.

Une odeur de fin soirée qui se mélange à une convoitise aveugle qui saute dans le vide. Que du bon, on le croit jusqu'à la fin. Des mains bien trop heureuses pour qu'elles écoutent qui que ce soit. C'est vers ta nuque que tout se dirige : les caresses, les baisers, les mots balourds qui se bousculent pour te demander si cette douceur te va.

De l'inconnu qui s'interpelle et qui ose, malgré la logique qui nous garde...normalement. Tout se caresse chez toi, rien ne s'oublie. Tes seins, ton ventre, tes fesses et tes cuisses en passant par ton sexe que je reconnais. Je l'ai vu dans un rêve, une fois. J'étais meilleur à ce moment-là. Ce n'est pas grave, j'aime mieux être un peu maladroit, comme ça on va pouvoir recommencer. 

Ce ne sera jamais trop long; que du temps qui se transforme en bonheur d'occasion ou en simple oublie. Que deux corps qui se découvrent subitement et qui aiment ça. 

Ma main va terminer sa course dans tes cheveux en passant par ta nuque, encore une fois. C'est tranquillement que tout se termine, que tout s'imagine, que tout meurt.

C'est comme ça quand je te vois, c'est comme ça quand je t'entends, c'est comme ça quand je t'attends. 

mardi 12 août 2014

J'ai menti

Un matin de printemps quand je t'ai dit que ça allait.
Un après-midi d'été quand je suis parti.
Un soir d'automne quand je pensais que c'était de l'amour.
Une nuit d'hiver quand je vous assurais que j'allais passer à travers.

Au moment où je me suis remis à écrire.
À chaque réveille.
Lorsque je vous raconte ma vie.
Quand je souris sans vraiment comprendre où je suis.

Tranquillement quand on apprend à se connaître.
Sans remords puisque je ne suis même pas mon propre maître.
Inconsciemment pour m'aider à rester confortable.
Joliment pour mieux entendre les vôtres.

C'est honnêtement que je mens parce que je sais bien que je ne suis pas le seul. Pourquoi m'en priver ? Je me défends sans savoir contre quoi, mais il le faut c'est tout.

De toute manière, les gens n'aiment pas la vérité. Trop dure, ennuyante ou effrayante; elle ne donne rien de bon au final. Après son passage, il ne reste que d'autres questionnements et des jugements trop bavards. Aussi bien rester fidèle à notre nature et continuer à raconter des histoires. C'est la seule chose que l'on fait bien.

Mentir c'est se réinventer et se redécouvrir chaque jour. Pour ceux qui n'aiment pas les affres du quotidien, rien de mieux que la commodité d'un apaisant mensonge. Tranquillement, mais surement, ces histoires deviennent réelles et on ne les distingue plus des souvenirs et des faits.

Soyons audacieux et passons au prochain mensonge, ce sera peut-être le bon.

mardi 15 juillet 2014

Les histoires

La nuit c'est toujours difficile. À force de penser, on perd le sommeil et on ne fait qu'imaginer. Les rêves c'est bien, mais seulement quand on est endormi.

Se raconter des histoires avant de comprendre que rien ne bougera; que le soleil qui ramènera le jour nous emprisonnant dans le quotidien et les responsabilités. Souhaiter quelques malheurs qui nous poussera à nous demander : ''vais-je tenir jusqu'à la fin ?''

On oublie, on s'invente d'autres sorties pour espérer le temps d'un verre trop festif ou d'une danse sans saveur. La folie est passagère quand on sait qu'il y a tellement de gens que nous ne rencontrerons jamais, des occasions ratées, des rendez-vous esquivés pour se faire oublier nos propres blessures.

Que des pertes de temps qui s’enchaînent au même rythme que les dépressions et les chagrins tempérés. Malgré tout, quoi de mieux que s'attacher aux insignifiances et fausses fiertés de nos habituelles conceptions du bonheur ? Du vent quand vient la nuit, la seule vérité pour ceux qui ne peuvent s'éveiller.

C'est pour cela que je continue à me raconter des histoires. De l'amour au repos, en passant par le quotidien enchanteur et l'ivresse modérée, je m'efforce de me convaincre que la fin est encore bien loin. Mais à force de parler, j'arriverai bientôt à la fin de mes histoires.

jeudi 5 juin 2014

Réponses timides

Si tu m'cherche, j'va être dans ma tombe.
Si tu pleures, montre le pas au reste du monde.
Laisse-toi emporter par autre chose.
Laisse-toi tomber pour de bon. 

Faudrait juste que t'oublies le moment où j'tai dit que tu me manques.
Oublie cette confession où j'tai dit que j'avais envie de toi.
Oublie les maladresses.
Oublie-moi.

Que des moments d'absences plus lucides que les discours.
Des regards fuyant, des pensées obscènes.
L'ivresse qui s'adresse à toi, parce que chu pu là.
Les réponses timides d'une femme qui s'en va.

J'ai appris à chanter pour finalement me taire.
J'ai appris à écrire pour me répéter.
J'ai appris à pardonner pour me venger.
J'ai appris à aimer pour rien.

mardi 27 mai 2014

Vieillir (31)

Je viens d'avoir 31 ans. L'an dernier, j'entrais dans la trentaine et je me disais que bien des choses allaient changer. J'avais raison.

Depuis deux ans, je me disais que je ne voudrais pas d'une vie de couple avant un bon bout, mais finalement tout ça me manque. La tendresse et le partage, la sensualité et l'intimité, la générosité et l'écoute...tout ça pour une femme qui donne le goût à tout. En deux ans, je croyais avoir rencontré cette femme à quelques occasions, mais non. Rien de grave, vaut mieux attendre que se réfugier avec la mauvaise personne...pour les mauvaises raisons.

Ma tête n'arrête jamais. Je me suis posé tellement de questions dans la dernière année et j'ai réalisé bien des choses.

Il y a des épreuves que je ne veux pas vivre. Je pense aux enfants. J'aimerais être papa, mais j'ai peur. Comme tous les hommes, j'imagine. Mais je ne veux pas être un mauvais père, oublier d'offrir tout ce que j'ai de bon à mes enfants et ne leur montrer que mes mauvais côtés. J'ai peur qu'ils partent, qu'ils me manquent. J'ai peur qu'ils meurent. Je ne sais pas comment je vivrais si je survivais à mes enfants. Le tout est hypothétique, mais tout devient réel quand je converse avec mon imagination qui se dit devin. En même temps, il faut se lancer quand c'est possible, il faut toujours espérer et faire de son mieux. J'ai plus de courage que je pense.

Je vieillis pour vrai. On a beau dire que 30 ans c'est encore jeune, mais ce n'est plus mes 20 ans. Tout change et c'est normal. Je dois accepter tout ça. Les partys sont plus amers, les réveils de plus en plus difficiles et la poésie plus violente. Les amateurs de clichés me diront ''c'est la vie'' et ils ont bien raison. Mais j'ai quand même décidé de ne pas suivre ce chemin. Mon père m'a toujours dit que j'étais indépendant et que je faisais à ma tête.

Je me demande à 31 ans pourquoi je ne veux pas conduire. Ça serait bien pratique à l'occasion et tout, mais ça ne m'intéresse pas. J'ai déjà utilisé une auto comme ça dans mon village, mais rien de sérieux. Mais au fond j'ai peur, peur de ne pas être assez bon, d'être maladroit, d'être dangereux. Statistiquement, je sais que ce genre de réflexion est ridicule, mais ça se promène toujours dans ma tête. Encore une fois, peut-être trop de questions.

Je veux être génial, je veux être sans faille, je veux être mémorable. C'est difficile à porter, surtout quand on n’est rien de tout ça. Encore une fois, rien de grave...mais quand même. Tout ce que j'écris devrait être parfait, tout ce que je dis devrait être intelligent, tout ce que je suis devrait me plaire...mais je me déçois. Je travaille pour être réaliste et pour m'améliorer. Bien des gens ne comprendront pas pourquoi je suis comme ça, mais au fond on est pleinement conscient d'une faiblesse seulement quand elle devient nôtre.

C'est de calme dont j'ai réellement besoin. Il faut que ma tête se taise et me laisse vivre ce que je suis. La sérénité me manque plus que tout. Je n'ai besoin que de quelques moments de vraie quiétude pour me laisser aller, me laisser parler et arrêter de me rendre malade à force de trop penser. 


''Mon coeur préfère la vie d'oiseau.'' -Dédé Fortin






mardi 13 mai 2014

La tempête

Je me dis souvent que je devrais arrêter de voir des gens. Aller à la rencontre des autres ça fait mal. Même si je ne peux pas me passer de ceux que j'aime, le fait de revenir à ma solitude par la suite, ça me tue. 

Tous les soirs, je me dis que tout va bien, que je l'ai bien apprivoisé, mais il y a toujours un moment où tout se fige, tout me rappelle l'avant-combat. Après ça, je m'acharne à combler un vide qui ne peut l'être. Je m'occupe comme je peux, mais rien ne fait.

Ce qui m'effraie le plus, c'est que plus rien n'a de sens à ce moment-là. Je ne me reconnais plus, rien n'est en ordre dans ma tête; c'est étourdissant. Que des souvenirs rageurs ou des attentes insupportables pour me tenir compagnie. Qu'une tempête sans réel nom ni visage, que du vent. Je suis perdu et je m'en rends compte.

Ça fait mal. Même si j'en parle, si le monde entier peut comprendre ce qui se passe, j'ai mal. Je sais à l'avance que chaque repas, verre ou discussion en compagnie d'autres ne seront que passager et que je suis condamné à rien d'autre qu'à une attente amère. 

Tranquillement, tout finit par se calmer. Je raisonne avec moi-même. Rien n'est parfait, mais au moins je me mets soudainement à comprendre que c'est la vie. Je délaisse le fatalisme pour la logique, mais je sais que ça ne durera pas. Une nuit trop froide ou une soirée trop intense me ramènera toujours à cette tempête qui hurle. Plus que du vent finalement.

À chaque dérive, la fin semble proche,pourtant tout tient bon. Je perds un peu de moi à chaque retour, c'est autre chose qui s'acharne à revenir. Je devrais m'habituer à dire au revoir. Ce serait plus prudent, car le pire au revoir est celui qui doit se prononcer adieu.

mercredi 7 mai 2014

Abandonner

On dirait que j'ai abandonné. Je pensais sincèrement arriver à quelque chose, mais finalement je n'ai rien. Au bout d'un certain temps, on s'épuise à attendre. C'est ce qui se passe.

Il y a des attentes plus douces que d'autres. En se racontant des histoires ont peut faire bien des choses. Mais à se raconter les mêmes histoires trop souvent, elles deviennent de faux espoirs qui meublent des secondes qui disparaissent en gémissant.

Il suffit de quelques gestes pour se perdre, pour retomber dans le piège. Ensuite, on se fait la morale, on se dit : ''il faut vraiment être idiot pour croire encore à tout cela.'' C'est à ce moment précis qu'on se vide de ses forces vives, de son estime, de sa matière. On devient sans substance. 

Il y en aura toujours pour dire le contraire, mais ce n'est ce que l'on ressent, ce n'est pas ce message que le monde envoie. Au-delà du contexte et des gens, il me sera impossible de voir autre chose que ma vérité. 

Se sentir de trop partout, voilà ce qui suivra. Jamais de place, que de timides invitations sans réel désir que l'on soit présent. Ne jamais se sentir le bienvenu. Pourtant on aime, on rit, on chante, on danse avec tous comme le font les autres. On dirait bien que notre amour n'est pas assez vrai, que l'on rit trop fort, que l'on chante faux et que nos pas sont plus maladroits. 

J'aimerais pouvoir écrire que je préfère tout cela à un monde plus facile, plus beau mais artificiel...mais non. Parce que tout le monde arrive à sa limite, parce que tout le monde finit par abandonner.

''J’aurais tant voulu être à ta place. Pour pouvoir comme toi être aussi beau. J’aurais tant voulu être à ta place. Pour oublier les vertiges d’en haut.''

-Pierre Lapointe

mardi 15 avril 2014

La fille de mon village

Il n'y en a toujours eu qu'une.  Elle a toujours été différente des autres. Elle incarnait cette femme qui continue à cultiver ma curiosité. Une femme douce, d'une intelligence franche, aux talents discrets, mais prodigieux et d'une beauté unique.

Je me suis mis à écrire à cause d'elle, mais je ne l'ai jamais remercié. Je me suis rendu compte que l'amour vrai existait quand j'ai tenté de la connaître. Il n'a jamais rien eu entre nous, mais sa seule présence était suffisante pour m'inspirer passion et sentiment.

Puisque je n'ai jamais eu assez de place dans ma tête pour contenir ce que je suis, il a bien fallu que je lui dise. J'avais beaucoup plus de courage à l'époque. Ma première lettre d'amour...tellement mal écrite et maladroite, mais sincère. Une très courte correspondance sous le signe de la sottise et de mon inexpérience. Même si mes lettres ont créé cette distance et ce malaise entre nous, je ne les regrette pas. On ne devrait pas regretter un premier amour.

Ce souvenir me revient à un moment où je me questionne sur comment aimer. J'ai surtout peur d'aimer par nécessité. Et quand je repense à elle, je me dis que je devrais rassembler le peu de courage que j'ai et vivre l'amour comme à l'époque : maladroit, mais sincère. Peut-être que tout ça est la manifestation flagrante d'une grande naïveté, mais je me dis que ça vaut le coup d'essayer.

J'ai dit que je ne regrettais rien, car cette fille valait le coup. Je me devais de me lui dire tout ce qu'elle était pour moi. Grâce à elle, j'ai écrit et je me suis dit que je devrais continuer. Peut-être qu'un jour j'aurai de nouveau la chance d'être maladroit.

jeudi 13 mars 2014

Ma mère

J'ai trop souvent oublié ma mère. En même temps, comme pour tous ceux autour de moi, je ne voulais pas la déranger. Elle a assez donné pour nous élever et nous protéger, je n'ai plus à lui parler de mes problèmes. Je suis un homme après tout, on me dit que je dois prendre sur moi.

Mes souvenirs les plus lointains me ramènent toujours à l'amour. Même si j'ai encore cette impression que je ne la voyais pas souvent, je sais qu'elle est toujours plus près que je le pense. Mes deux parents travaillaient fort quand j'étais petit. Mon frère Jonathan est arrivé vite pour me tenir compagnie et pour voir lui aussi qu'on était bien chez nous. Parce que maman et papa travaillaient, mais, avant tout, ils nous aimaient.

J'ai vieilli et le clan à grandi. Keven, Mathieu, Cathy et Hugo n'étaient pas des bouches de plus à nourrir, juste de nouvelles raisons d'aimer. Même si on s'engueulait, criait ou se battait...la base de tout ça c'est qu'on s'aimait. Ma mère ne nous a jamais fait sentir qu'ont était des fardeaux pour elle, même si on n’était pas une gang facile. On aidait pas beaucoup dans la maison, on prenait de la place pis on se la fermait pas. Malgré tout, maman nous faisait les plus beaux colleux du monde et elle continuait sa journée. Si certaines personnes trouvent qu'avoir un enfant c'est du sport, imaginez 6 ti-criss qui n’arrêtent pas.

À un moment donné, ça été plus difficile. Mathieu est parti à cause de l'hiver pis cette énergie contagieuse qu'on avait tous. Ça été très difficile pour mes parents. Les semaines et les mois ont passé pis finalement ils se sont séparés. L'aîné que je suis venait de frapper un mur. J'ai essayé de m'occuper de mes frères et de ma sœur pour que tout le monde puisse passer à travers. À cette époque-là, j'ai vraiment essayé d'oublier ma mère. Je lui en ai voulu longtemps parce que j'avais trop d'affaires sur le dos en même temps : l'école secondaire et ses effets, le deuil de mon frère, les problèmes d'un p'tit gars qui s'aime pas et cette séparation. Je savais au fond de moi que je ne pouvais pas en vouloir à ma mère, la vie est comme ça. Mais ça a quand même pris du temps avant que je puisse revoir ma mère comme étant ma mère. 

J'ai fini par partir en appartement, on se voyait encore moins souvent. Les études, les chums, la boisson, les filles...trop de chose qui ont fait que j'ai encore oublié ma mère. Mais elle ne m’oubliait pas : une batch de sauce à spaghetti, un peu de sous à l'occasion pour l'épicerie, des invitations nombreuses à souper, des appels, etc. Je refusais au début, mais je finissais toujours par lui dire merci. 

Ma mère a eu peur pour moi. Les gros party, les peines d'amour, l'incertitude professionnelle...des trucs que j'aurais dû porter tout seul, mais ma mère avait juste besoin de me dire : "inquiète-toi pas, ça va passer" ou "c'est la vie" pis je voyais déjà moins noir. Ma mère était fière de moi. Du théâtre au primaire, au secondaire et au cégep. Elle ne m’a jamais dit que je perdais mon temps : elle a cru en moi, en mon talent et ça c'est le plus beau des cadeaux. C'est, entre autres, à cause d'elle que je suis devenu et resté un artiste. 

À 30 ans, j'essaie de ne plus oublier ma mère. Il y a la distance qui n’aide pas, mais j'essaye. Elle lit mes textes, on s'appelle pas souvent, elle vient ici, je vais là-bas. Mais je pense toujours à ce qu'elle me dirait si elle était là. À chaque fille que je rencontre, je me demande si ma mère l'aimerait, pas que l'approbation de ma mère soit obligatoire, mais ça me fait rire de l'imaginer. Je me demande quel genre de conseil elle pourrait me donner dans ma vie quand ça va pas, aux réactions qu'elle aurait face à mes gaffes et autres niaiseries.

Je sais ceci : ma mère m'aime. Que je sois vulgaire, imbécile, farceur, en criss, absent ou ingrat, ma mère ne changera pas. Elle restera toujours ma mère.

Je t'aime maman. Même si tu as l'impression que ton grand garçon t'oublie, sache qu'il est bien triste de se rendre compte que c'est arrivé si souvent. 

À la mère que je ne mérite pas : je t'aime.

Michael.

dimanche 2 mars 2014

Sans arrêt

C'est impossible pour moi d'être serein. Ma tête n'est jamais vide. Les petits bonheurs ce sont enfuies un soir d'avril trop dur à encaisser. Depuis, la tristesse a disparu, mais elle a quand même laissé quelque chose derrière elle. Le doute est, ironiquement, la seule certitude dans ma vie.

Toutes les secondes s'arrêtent afin de participer à cet état qui finira par me rendre fou. Endurer ces questions qui tournent sans relâche dans mon esprit, c'est jouer avec le feu. Si on ajoute ma solitude, je ne suis jamais à l'abri de l’insupportable, de la peur et de cette panique soudaine qui me lient à l'incertitude quotidienne. 

C'est quand j'ai besoin d'être seul que tous sont là à occuper ma vie et mes pensées qui elles m'oublient pour une fois. Mais lorsque l'angoisse me gifle et m'insulte, je suis toujours seul à tenter de recevoir les coups comme il le faut. Parce qu'ils le disent tous : il faut être fort, solide et lever la tête. Mais quand ta tête te t'appartient plus, qu'est-ce que tu fais ?

Si les mots guérissaient, il y a longtemps que je serais debout. Mais c'est de plus dont j'ai besoin. De bras où je pourrais véritablement me reposer, d'une épaule sur laquelle poser ma cervelle enflée et de mains pour essuyer des larmes qui ne cessent jamais de couler. Le plus difficile n'est pas de vivre toutes ces nuits; c'est de penser à comment elles vont se terminer et de continuer à espérer.

mercredi 26 février 2014

Tous mes matins sont morts

Tous mes matins sont des chagrins d’amour qui s’éveillent, un rêve qui se suicide, l’impossible qui gueule trop fort. C'est à croire que même la lumière se moque de moi.

C'est très étrange de réaliser que tout est changé; que la réalité est la même...sauf pour moi. Je n'ai plus de moment tranquille ni de routine réconfortante. C'est ma tête et mon mal qui m'empêche de dormir et d'oublier ce qui n'est plus de toute façon. Si je réussis à quitter cette vie pendant que je suis vivant, il faudra que je puisse poser des questions.

Je me sens minable quand je l'entends me dire qu'elle va bien et qu'au fond de moi je trouve tout cela injuste. Dans les faits, rien ne me fait plus plaisir que ce bonheur, mais ce n'est pas le mien. Du temps que je perds, en fait que je ne peux plus garder pour moi, car je ne m’appartiens plus. Je me laisse guider par le doute et la certitude que tout est fini et qu'il n'y aura plus jamais rien.

À chaque caresse, je suis certain que ce sera la dernière. Ces regards qui se croisent, qui veulent se parler, s'embrasser juste pour voir. Que du rêve qui masque toutes mes nuits si longues, si cruelles, trop douces et qui se terminent quand mes larmes m'épuisent. Parce que toutes mes nuits s'achèvent en sanglot, mes matins sont ceux des espoirs déjà oubliés.

Je chante de courtes obsessions pour faire parler ce qui reste muet. J'essaie de me lancer en me disant que je n'ai plus rien à perdre, mais j'ai quand même peur de la conclusion. Comme lorsque j'écris, je panique quand tout semble se terminer.


jeudi 30 janvier 2014

Tentative

Cela n’a jamais rien donné. C’est surement parce que je suis lâche. M’en approcher me prend toujours trop de temps. Je suis rarement sobre quand je le fais, mais pourtant lucide.

Je parle, je tente de tout écouter, mais cette soif porte mon attention ailleurs. Je regarde ses lèvres bouger, sa peau en quête de chaleur et ses yeux qui font baisser les miens.

Elle laisse toujours des marques. Que ce soit dans mon esprit ou sur ma peau; il y des conséquences à nos rencontres. C’est  de plus en plus difficile de vivre avec ces rêves que je crois réels. Je m’imagine trop souvent avec elle à discuter, à découvrir, à souffrir. Je suis peu trop réaliste, ou pessimiste, mais il m’est impossible d’oublier cette paix agitée qui m’habite quand je l’aperçois.

La nuit, je me laisse convaincre. Je ne veux pas souffrir, mais je m’approche. Doucement, je finis par comprendre que tu es autre chose qu’un fantasme inavouable ou cette envie folle de me marquer comme martyre ou esclave.

Je m’oublie, couché chez moi à attendre qu’on me délivre. Malheureusement,   tu es souvent la seule solution. Pour m’éveiller, je me remémore ton indifférence et cette distance que je ne serai jamais capable d’effacer.

Une autre journée comme les autres suivra cette nuit que je nomme tentative. Bien sûr, tu ne verras rien, car je reste discret. Je ne veux pas recommencer, mais je sais que tôt ou tard tout sera terminé.

mardi 28 janvier 2014

Se libérer

Ce sont de petits moments uniques qui m'empêchent d'être heureux.
Par tous les moyens, je me refuse le droit de tomber amoureux.
Parce qu'elle n'est pas faite pour moi et que rien ne pourra changer cela.
Je me surprends d'y croire à l'occasion, mais rien à faire au-delà.

Les journées me tiennent en laisse, incapable de fuir l'inaccessible.
Pourtant, je vis malgré les cauchemars qui dansent et la solitude qui chante.
Je reste loin de tout ça en me disant que ce n'est plus possible.
Malgré les espoirs racoleurs, il n'y a que la fin qui soit touchante.

J'ai tout laissé tomber parce qu'à force de croire, on oublie.
Impossible de se rappeler que tout ça est un jeu.
Que je ne peux pas gagner, que mes mots ne seront que dyslalie.
Même si les signes sont clairs, je refuse d'être courageux.

C'est tous les soirs la même histoire.
Celle d'une nuit trop courte et de jours trop noirs.
Si seulement je pouvais parler sans tout gâcher.
En attendant, j'irai plutôt vers la fin pour me libérer.

dimanche 12 janvier 2014

Ελλάδα, Grèce

À 24 ans, j'ai quitté les terres du Nord pour découvrir une contrée qui m'intriguait et qui m'intrigue toujours. Pour me faire connaître au départ, mais finalement, je suis tombé amoureux d'une lumière qui raconte. Il y a près de 7 ans,  j'ai salué la Grèce.

Un mois durant lequel j'ai découvert un peuple fort et fier, accueillant et généreux, poète et guerrier. J'ai marché sur cette terre façonnée par leurs pas et discours, j'ai mangé et bu comme je n'ai jamais fait ailleurs, j'ai souri à mon arrivée et pleuré lorsque j'ai dû quitter.

Je suis amoureux du vent et du ciel du nord. La neige de mes ancêtres qui revient chaque hiver pour nous pousser dans les bras des autres et le feu que l'on allume pour accompagner nos soirées d'été. Les histoires de ma patrie sustentent mon imagination à chaque discours des miens, mais les mythes et les hymnes des Hellènes construisent des espoirs qui me semblent bien lointains.

Quand je repense à la mystique Delphes, à la puissante Athènes, à  l'Égée agitée, à Olympie guerrière, à Aristi la tranquille et à Milos la belle, la première chose qui me vient en tête c'est la joie que j'ai eue à les découvrir petit à petit. Parce qu'on peut se rendre en Grèce et s'y lancer; j'ai l'impression que comme étranger, je ne ferai jamais autre chose que l'imaginer. Grâce à mes guides, j'ai pu voir des lieux évoqués dans des textes anciens, j'ai pu sentir la majesté d'une histoire jamais assez répétée et la force d'un peuple né de la montagne et de la mer.

Je repense à la lumière qui m'a accompagné dans ce trop court voyage; je suis incapable de la décrire. Mystique peut-être, poétique assurément, unique sans aucun doute. Sur les flots d'une mer encore inconnue, j'ai pris le temps de regarder le temps qui passe et qui nous vole des problèmes dont on devrait se passer.

Ce qui est difficile quand on tombe amoureux, mais que l'on aime déjà, c'est de savoir ce qui nous rendra malheureux : quitter ou rester. Je m'ennuie sans cesse du village de mon enfance et de sa rivière, j'aime la ville dans laquelle je suis, je rêve aux montagnes de l'Attique et à la mer Égée qui semblent parler une langue qu'il me faut écouter.

C'est quand le sommeil me boude que je pense le plus à quitter le doux souffle de mon hiver chéri pour l'étreinte farouche de l'été grec. Je veux partir et je ne me pose jamais la question : où devrais-je aller ? Je me suis longtemps demandé si je devais partir pour l'Est qui m'a si souvent inspiré; peut-être le Sud batailleur ou encore plus vers le Nord...mais je reviens toujours à la terre des dieux d'antan et de leurs enfants.

J'ai bien hâte au jour où je pourrai écrire clairement sur ce pays. En attendant, je me contenterai d'y rêver encore quelques années avant oser y retourner.

Je terminerai en citant un extrait d'une chanson grecque que j'aime beaucoup et qui décrit bien ce que je ressens quand je pense à ce voyage : 

Mia thalassa mikri (A Little Sea)

Μια θάλασσα μικρή,
μια θάλασσα μικρή
είναι το καλοκαίρι μου,
ο έρωτάς μου, ο πόνος μου

Μια θάλασσα μικρή
στα δυο σου μάτια φέγγει
κάθε πρωί

Μια θάλασσα μικρή
στο δάκρυ στο τραγούδι,
στο κάθε σου φιλί
Μια θάλασσα μικρή


A little sea
A little sea
is my summer
my love, my pain

A little sea
shines through your eyes
every morning

A little sea
in your tear, in the song
in every kiss of yours
A little sea