Je manque de moyen pour me contrôler. Contrôler cette imagination
qui s'anime seule sans mon consentement. Les nuits sont longues quand les rêves
arrivent avant le sommeil.
Tranquillement, je tente de m'adapter et
de comprendre ce qui pousse ma tête vers cette suractivité; cette tempête sans
accalmie aux accents inquiets. C'est pour cela que j'aime me perdre dans
l'intangible et l’artificiel. Ce qui me tue c'est de penser que tout est réel
alors qu'au fond je n'en sais rien.
Impossible d'arrêter ce flot incessant
d'idées, d'images et de souhaits qui se fabriquent entre eux. Du bonheur qui
s'y glisse à l'occasion sans trop parler de peur qu'on le découvre. Doucement
tout s'assemble et s'installe devant moi comme une évidence.
La fatigue n'y peut rien. Même les yeux
fermés et la réalité en attente, tout s'écrit et m'attend de l'autre côté de la
nuit. Les matins ne sont jamais tranquilles, parfois moins gueulards que le précédent.
Malgré tout, je souris parce qu'au fond j'aime ça. J'aime les idées qui forcent
ma porte. De la pensée la plus noire aux thèses les plus absurdes, je trouve
toujours quelque chose à garder.
À défaut d'être reposé, je suis diverti.
J'accepte de vivre comme ça parce que cet imaginaire m'est cher. J'aime penser,
me poser des questions et réfléchir même si ça doit m'empêcher de dormir. J'ai
toujours détesté dormir parce que je perdais du temps précieux. La nuit a
toujours été plus généreuse avec moi que le jour; c'est pour ça que j'aime
l'automne et l'hiver. C'est mon domaine que celui du froid et de la
noirceur.
C'est là que j'aime me perdre avec la
musique, les mots et mon increvable imaginaire. Ce qui sort de tout cela est
loin d'être toujours bon, mais au moins il en sort quelque chose.
Certains sont esclaves de leur boulot, d'autres
de l'argent, moi je serai mon propre esclave.