mardi 13 mai 2014

La tempête

Je me dis souvent que je devrais arrêter de voir des gens. Aller à la rencontre des autres ça fait mal. Même si je ne peux pas me passer de ceux que j'aime, le fait de revenir à ma solitude par la suite, ça me tue. 

Tous les soirs, je me dis que tout va bien, que je l'ai bien apprivoisé, mais il y a toujours un moment où tout se fige, tout me rappelle l'avant-combat. Après ça, je m'acharne à combler un vide qui ne peut l'être. Je m'occupe comme je peux, mais rien ne fait.

Ce qui m'effraie le plus, c'est que plus rien n'a de sens à ce moment-là. Je ne me reconnais plus, rien n'est en ordre dans ma tête; c'est étourdissant. Que des souvenirs rageurs ou des attentes insupportables pour me tenir compagnie. Qu'une tempête sans réel nom ni visage, que du vent. Je suis perdu et je m'en rends compte.

Ça fait mal. Même si j'en parle, si le monde entier peut comprendre ce qui se passe, j'ai mal. Je sais à l'avance que chaque repas, verre ou discussion en compagnie d'autres ne seront que passager et que je suis condamné à rien d'autre qu'à une attente amère. 

Tranquillement, tout finit par se calmer. Je raisonne avec moi-même. Rien n'est parfait, mais au moins je me mets soudainement à comprendre que c'est la vie. Je délaisse le fatalisme pour la logique, mais je sais que ça ne durera pas. Une nuit trop froide ou une soirée trop intense me ramènera toujours à cette tempête qui hurle. Plus que du vent finalement.

À chaque dérive, la fin semble proche,pourtant tout tient bon. Je perds un peu de moi à chaque retour, c'est autre chose qui s'acharne à revenir. Je devrais m'habituer à dire au revoir. Ce serait plus prudent, car le pire au revoir est celui qui doit se prononcer adieu.