On dirait que j'ai abandonné. Je pensais sincèrement arriver à quelque
chose, mais finalement je n'ai rien. Au bout d'un certain temps, on s'épuise à
attendre. C'est ce qui se passe.
Il y a des attentes plus douces que d'autres. En se racontant des
histoires ont peut faire bien des choses. Mais à se raconter les mêmes
histoires trop souvent, elles deviennent de faux espoirs qui meublent des
secondes qui disparaissent en gémissant.
Il suffit de quelques gestes pour se perdre, pour retomber dans le
piège. Ensuite, on se fait la morale, on se dit : ''il faut vraiment être idiot
pour croire encore à tout cela.'' C'est à ce moment précis qu'on se vide de ses
forces vives, de son estime, de sa matière. On devient sans substance.
Il y en aura toujours pour dire le contraire, mais ce n'est ce que l'on
ressent, ce n'est pas ce message que le monde envoie. Au-delà du contexte et
des gens, il me sera impossible de voir autre chose que ma vérité.
Se sentir de trop partout, voilà ce qui suivra. Jamais de place, que de
timides invitations sans réel désir que l'on soit présent. Ne jamais se sentir
le bienvenu. Pourtant on aime, on rit, on chante, on danse avec tous comme le
font les autres. On dirait bien que notre amour n'est pas assez vrai, que l'on
rit trop fort, que l'on chante faux et que nos pas sont plus maladroits.
J'aimerais pouvoir écrire que je préfère tout cela à un monde plus
facile, plus beau mais artificiel...mais non. Parce que tout le monde arrive à
sa limite, parce que tout le monde finit par abandonner.
''J’aurais tant voulu être à ta place. Pour pouvoir
comme toi être aussi beau. J’aurais tant voulu être à ta place. Pour oublier
les vertiges d’en haut.''
-Pierre Lapointe