Il n'y en a toujours eu qu'une. Elle
a toujours été différente des autres. Elle incarnait cette femme qui continue à
cultiver ma curiosité. Une femme douce, d'une intelligence franche, aux talents
discrets, mais prodigieux et d'une beauté unique.
Je me suis mis à écrire à cause d'elle,
mais je ne l'ai jamais remercié. Je me suis rendu compte que l'amour vrai
existait quand j'ai tenté de la connaître. Il n'a jamais rien eu entre nous,
mais sa seule présence était suffisante pour m'inspirer passion et sentiment.
Puisque je n'ai jamais eu assez de place
dans ma tête pour contenir ce que je suis, il a bien fallu que je lui dise.
J'avais beaucoup plus de courage à l'époque. Ma première lettre
d'amour...tellement mal écrite et maladroite, mais sincère. Une très courte
correspondance sous le signe de la sottise et de mon inexpérience. Même si mes
lettres ont créé cette distance et ce malaise entre nous, je ne les regrette
pas. On ne devrait pas regretter un premier amour.
Ce souvenir me revient à un moment où je
me questionne sur comment aimer. J'ai surtout peur d'aimer par nécessité. Et
quand je repense à elle, je me dis que je devrais rassembler le peu de courage
que j'ai et vivre l'amour comme à l'époque : maladroit, mais sincère. Peut-être
que tout ça est la manifestation flagrante d'une grande naïveté, mais je me dis
que ça vaut le coup d'essayer.