C'est impossible pour moi d'être serein. Ma tête n'est jamais
vide. Les petits bonheurs ce sont enfuies un soir d'avril trop dur à encaisser.
Depuis, la tristesse a disparu, mais elle a quand même laissé quelque chose
derrière elle. Le doute est, ironiquement, la seule certitude dans ma
vie.
Toutes les secondes s'arrêtent afin de
participer à cet état qui finira par me rendre fou. Endurer ces questions qui
tournent sans relâche dans mon esprit, c'est jouer avec le feu. Si on ajoute ma
solitude, je ne suis jamais à l'abri de l’insupportable, de la peur et de cette
panique soudaine qui me lient à l'incertitude quotidienne.
C'est quand j'ai besoin d'être seul que
tous sont là à occuper ma vie et mes pensées qui elles m'oublient pour une
fois. Mais lorsque l'angoisse me gifle et m'insulte, je suis toujours seul à
tenter de recevoir les coups comme il le faut. Parce qu'ils le disent tous : il
faut être fort, solide et lever la tête. Mais quand ta tête te t'appartient
plus, qu'est-ce que tu fais ?
Si les mots guérissaient, il y a longtemps
que je serais debout. Mais c'est de plus dont j'ai besoin. De bras où je
pourrais véritablement me reposer, d'une épaule sur laquelle poser ma cervelle
enflée et de mains pour essuyer des larmes qui ne cessent jamais de couler. Le
plus difficile n'est pas de vivre toutes ces nuits; c'est de penser à comment
elles vont se terminer et de continuer à espérer.