Le fruit défendu. C’est elle que je n’ose approcher, car je
veux qu’elle soit là, même si elle fait la sourde oreille. Je préfère qu’elle
soit mon quotidien lointain que de la perdre parce que j’ai osé. C’est sa douceur qui pollue mes jours et sa
possible volupté qui contre mon sommeil. Même si la passion finissait par
s’inviter, c’est ce calme et cette grisante lenteur qui alimente mon
imagination. Au-delà de la tentation, c’est l’abyssale incertitude que je vois
dans ses yeux qui alimente ce désir de tout savoir.
Je remercie le soleil de mai qui lui permet de me laisser
découvrir ses délicates formes aux accents insouciantes. C’est quand elle marche
que tout s’arrête. Le temps de quelques pas, le monde s'offre à moi. Rien d’autre n’existe quand elle est là et qu’elle daigne poser
son regard si mélodieux sur ma personne. Son sourire m’achève lorsqu’il
s’efface à la fin de cette course.
C’est une valse naïve qui l’amène dans mes bras le temps de
quelques mots maladroits et d’un espoir sans assise. Toucher à cette peau me
fait perdre tous mes moyens. Déstabilisé, je me laisse porter par des rêves
d’adolescent poète. C’est trop de romantisme pour que ce soit vrai; alors je
déclare forfait.
C’est trop difficile de la voir ailleurs que dans mes bras. Je m'imagine entre ses reins, plus doux, amoureux et rêveur. Sa peau et ses respirations fortes, mais discrètes, dont j'essaye de m'emparer, me font vivre autre chose que le plaisir, c'est une communion.