Chaque fois que je la vois, c'est comme une nouvelle fois,
l'unique fois où j'allais la voir. Je ne sais jamais quoi dire, ni quoi faire.
Elle est belle, douce et reste mystérieuse malgré son apparente simplicité. Je
sais que je ne pourrai jamais rien lui dire pour lui expliquer ce qu'elle
m'inspire, je sais déjà que si je le fais, c'est son sourire que je perdrai.
Il y a celle qui m'a déjà eu. Celle qui m'a avoué que je lui
plaisais, que tout ce qu'elle avait en tête en me voyant c'est une lutte entre
nos deux corps, un plaisir libertin, des moments muets où nos regards se posent
trop de questions. Malgré le fait que nous nous attirons sans répit, nous savons que nous n'irons jamais plus loin.
Il y a celle qui m'écoute et que j'écoute. Celle avec qui
rien ne s'est passé et rien ne se passera parce que je suis moi, parce qu'elle
est comme elle est, parce que la peur nous dicte tout. Les plus beaux moments
resteront que des images et des fantasmes qui s'effaceront pour que l'amitié
puisse durer, puisse prendre une place qui lui revient peut-être.
Il y a celle d'avant. Que je ne vois plus, mais qui reste tout de même présente. Les souvenirs et signes du quotidien sont effacés; c'est ce qui est le plus troublant. Je ne réalise plus que ma vie à changé il n'y a pas si longtemps. Ses yeux ne sont plus; que de vagues impressions et une amertume. Même si son corps me calmait, m'enflammait et son coeur m'aimait; je ne n'admets plus mon passé avec elle.
Il y a celle qui m'intrigue. Celle qui ne se doute de rien,
mais qui chaque jour réveille ce goût du risque, ce désir d'être spontané et
l'obligation de combattre. Elle est toujours plus loin que je le crois et je me
dois tout de même d'avancer pour voir si elle me regarde. Je me demande si je
dois chanter, crier ou l'étreindre sans autre avertissement afin de comprendre
enfin ce qui la compose. Pas assez proche pour me lancer, pas assez loin pour
l'ignorer.
Chaque nuit, elles me reviennent pour me rappeler que je suis toujours seul. Malgré mes mensonges qui se manifestent sous le couvert de l'espoir, la réalité demeure. Elles sont toutes là à me regarder et à me dire tout simplement : ''non''.