samedi 24 décembre 2022

Faire son œuvre

Les pas qui mènent sur ce chemin me lacèrent les pieds, même sous mon étoile. J'oublie le temps d'attendre les sourires passagers, je brûle sans pleurer, pour me réchauffer et braver le vent.

Si tu passes par chez moi, n'oublie pas de me laisser un peu d'eau, que je puisse enfin m'abreuver et recommencer. Répéter mes refrains à la lettre, même s'ils sont morts bien avant moi. 

Le long de ma peau s'élance le courage sans dent qui voudrait, lui aussi, se nourrir de poésie plutôt que s'effondrer quand galopent les souvenirs aux célestes notes.

À mourir seul, je construis mon cachot sans fenêtre, sous de fracassantes rafales qui ne porteront plus jamais d'échos. J'ai trop d'histoires à comprendre, je n'ai plus le temps.

Célère oubli qui effacera les quelques sourires qui me reste. Je m'y perds à tous les jours, embrouillé, j'y plonge. 

Sur mon passage s'effaceront les paragraphes de cette fresque sans saveur, je noierai l'opportunité et rouerai de coups le proverbial s'annonçant destin.

Une dernière étincelle se perdant innocemment sans parler à la pénombre, me laissant compagnon de cécité à patauger dans ma poisseuse et vermeille existence.

Faire son œuvre, si seulement.