lundi 23 avril 2012

Si seulement.

Rien de nouveau. Il attendait toujours sans réel but. Le temps passait sans lui qui restait le gardien perché sur son tabouret à épier la forêt. Depuis l'aube, les vents transportaient nombre de plaintes et d'exclamations. La lisière semblait plus étanche qu'à l'ordinaire.

Rien de plus. Sa vieille épée reposait sur la table. Aucune considération, on la prenait pour acquise. Une trop usée compagne qui a bien repoussée quelques mauvaises faces, mais rien de bien héroïques. Il pensait qu'en la gardant prêt de lui, qu'elle lui porterait chance.

Rien de moins. L'amertume des souvenirs et la vigoureuse froideur de l'automne ramenaient sans cesse son regard vers sa voisine : forteresse des bêtes et des ombres. C'est la peur qui le gardait éveillé...pas la peur ni le courage. Ses haillons accueillaient le vent même si ses mains tentaient de le chasser en massant ses bras endolorie par le froid.

Rien du tout. La nuit chassa les soupçons. Le soleil n'a pu faire sortir les diables de leur cachette feuillue. La lune ramena le calme qui semblait avoir déserté le coeur du jeune garde forestier qui se voulait soldat et même roi à l'occasion.

Plus rien. Simpliste fatalité qui accompagne la naïveté de l'inexpérimenté. Il aurait du savoir qu'on ne ferme pas ses yeux sans risque. Que si nous sommes seuls face à tous, nous finirons seuls face à nous même. Les erreurs forment notre existence et nous permettent de former son produit. La fin est peut-être proche, il le sait au fond, mais vaut mieux rêver et se laisser conduire par le sommeil trop souvent éludé.

Un salut inutile mais tout de même courtois à chaque journée qui passe en lui demandant de ne pas revenir avec le pire, mais avec une promesse. Celle d'un lendemain plus tentant qui le rendra plus fort.

Il avait tout de même raison d'avoir peur.