lundi 27 mai 2013

30

C’est avant d’être trop vieux que j’aurais dû être curieux, que j’aurais dû me laisser porter par d’inspirantes pintes, que j’aurais dû comprendre qu’il n’y a rien que je puisse faire avec ma vie. Je n’ai plus le goût d’être confortable et d’attendre la vieillesse comme le premier rendez-vous amoureux. Il y aura donc d’autres choses que la paix sur mon chemin.

Sans pouvoir me trouver, je me perds chez l’autre à vouloir consoler et à m’imaginer que je serai peut-être un jour à ma place. C’est aussi cette impuissance féconde et mon insolente imagination qui m’ont menti quand ils me présentèrent le bonheur : Au diable la réalité, sifflaient-ils, vaut mieux rêver.

Mais, ces songes ne devinrent jamais les apôtres de doux épilogues et d’une juste vie architecte. Ils étaient plutôt les jumeaux des faits et du tangible. Parce que comme moi, mes rêves étaient lucides.

Je fais trop confiance et parle trop souvent à de faux espoirs plus sourds que ceux et celles qu’ils incarnent. Je ne me sens pas la force de crier pour les éloigner. J’utilise douceur et franchise pensant que tout se règlera, pensant que je suis moi. Mais les nuits qui fredonnent des jours plus flous me rappellent que je ne suis rien d’autre qu’un pauvre fantaisiste sans réelle volonté.

C’est à l’aube de cet anniversaire que j’accepte ces instants de démence. Je réalise que je ne comprendrai jamais ce cœur qui s’emballe d’un rien, ces perceptions contradictoires et mes envies tentant de s’échapper de rêves disparus.

Je deviendrai fou bien avant la fin de cette histoire. En attendant, laissez-moi partir.