Sans pouvoir me trouver, je me perds chez l’autre à vouloir
consoler et à m’imaginer que je serai peut-être un jour à ma place. C’est aussi
cette impuissance féconde et mon insolente imagination qui m’ont menti quand
ils me présentèrent le bonheur : Au diable la réalité, sifflaient-ils,
vaut mieux rêver.
Mais, ces songes ne devinrent jamais les apôtres de doux
épilogues et d’une juste vie architecte. Ils étaient plutôt les jumeaux des
faits et du tangible. Parce que comme moi, mes rêves étaient lucides.
Je fais trop confiance et parle trop souvent à de faux
espoirs plus sourds que ceux et celles qu’ils incarnent. Je ne me sens pas la
force de crier pour les éloigner. J’utilise douceur et franchise pensant que
tout se règlera, pensant que je suis moi. Mais les nuits qui fredonnent des
jours plus flous me rappellent que je ne suis rien d’autre qu’un pauvre
fantaisiste sans réelle volonté.
C’est à l’aube de cet anniversaire que j’accepte ces
instants de démence. Je réalise que je ne comprendrai jamais ce cœur qui s’emballe
d’un rien, ces perceptions contradictoires et mes envies tentant de s’échapper
de rêves disparus.
Je deviendrai fou bien avant la fin de cette histoire. En
attendant, laissez-moi partir.