Les
faiblesses de mon corps me font peur. Contrairement à la mort, la souffrance m'effraie.
Il me reste encore bien des années devant moi et je ne fais que penser aux
épreuves et douleurs à venir. Je ne comprends pas toujours ce qui pousse les
gens à continuer quand ils savent que l'argent finira par leur manquer, que la
maladie finira par les rattraper...que l'amour finira par s'exiler.
La
peur sert de défi à certains et s'apparente à un gouffre pour d'autres. Je me
retrouve là à attendre, à travailler et à penser sans repos aux possibles et
différents futurs qui m'attendent. Tranquillement, le temps change ses discours
en berceuses. Il tente de m'endormir et de faire taire des questions qui
m'empêchent d'accepter le plus simple des avenirs.
C'est
ce questionnement fondamental qui s'accorde et étouffe ce que j'ai d'ambition.
Malgré les petits bonheurs qui me saluent tous les jours, je continue à douter;
à me demander si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Les
sourires et moments où tous sont heureux disparaissent avec les rêves naïfs et
les aspirations irréalistes. Il ne reste, au fond, qu'une amertume résiliente
citant de tristes souvenirs, des regrets ou des remords oubliés. La vie semble
plus douce, mais c'est seulement parce qu'on apprend à vivre avec l'imperfection
de nos promesses.
Il
faut tout de même être très ambitieux, ou fou, quand on veut le parfait bonheur
ou l'inébranlable réalité bâtie pour ses propres rêves. Moi, je crois que c'est
de la folie dont je suis devenu ami.