Ce sont des larmes qui se sont mises à parler. Comme si tout
devait se terminer, il se laissant aller vers la mémoire des autres. Le plus
jeune de ses espoirs s'était, lui aussi, enfui. Certains disent que c'est le
mal qui l'avait usé, mais tous se refusèrent à lui dire au revoir.
Son verre était vide, la gorge toujours
nouée par l'improbable et les refus de mettre un terme à cette comédie. Il y a
bien longtemps que personne n'avait ri, qu'on s'était lassé des vérités et de
cette chaleur qu'il osait offrir à ceux qu'il aimait. C'est lors d'un dernier
soir de solitude qu'il s'était mis à chanter. Les mots se chargeaient de le
conduire dans la pénombre, les rythmes soutenaient son cœur et les notes se
battaient entre elles pour finir sur ses lèvres. Que du vent qui usurpe et
attise.
C'est dans un fauteuil plus âgé que lui
qu'il inspira une dernière fois; en attendant les remords du monde et la douce
caresse de l'acceptation. Cela n'a jamais été une question de nostalgie
apprivoisée ou de masochisme consommé, mais bien une question que son simple
esprit retrouvait chaque nuit.
C'est un jour de colère qui le découvrit
au repos près de son verre et de flammes presque éteintes. Ses yeux restèrent
aux aguets, prêts à saluer les premiers curieux malgré l'absence de leur
maître. La bouche close, il nous dévoilait la fin de ses discours et des chants
sincères. La fin de cette éloquente chute allait libérer un entourage
indifférent.
Il fût mené à l'abri des chagrins artificiels
et intéressés pour qu'un dernier souffle soit entendu. Seul devant la glace, il
entonna la plus vraie des poésies. C'est un cadavre, depuis longtemps
dépouille, qui célébra son passage vers l'acte déjà moribond.
Ceux qui restent se mirent à converser, à
leur tour, avec un chagrin polyglotte et des larmes aux charmes de divas.
C'est toujours ceux qui restent que l'on entend se plaindre de départs souhaités.