Le calme s'est enfui il y a quelques
nuits, je pense encore à ce rêve sans fin qui m’emprisonne. Le repos a laissé
sa place à une extravagance qui ne s'explique pas. Je sais que rien de cela
n'est possible et que je me prends à mon jeu ; mon imagination reprend du
service et je me jette devant sans regarder où je vais tomber.
La musique me fait trembler à nouveau, l'air du Nord réchauffe ma mémoire
et mon sang. On dirait que ce pourpre est plus que royal, qu'il raconte ce qui
n'arrivera jamais. Je le sens plus vivant que moi, plus fort que ces jambes qui
me portent partout où je me perds malgré les leçons d'antan.
Ma place se soustrait à mon contrôle. Tout est trop clair quand je me mêle
à cette impériale étrangeté ; elle sourit, je rugis. Mon étreinte cherche ce
regard fugitif même si je lui interdis. Hardi et inconscient, j'échappe à ma
logique et souris à nouveau comme à l'époque de la fille de mon village.
Cette envie soudaine de cet ostracisme, cet exil vers où je pousse sens
commun et raison. Je reste fort et me laisse porter par mes rêves qui me
couronneront comme sybarite. Une simple chaleur transportée par de doux
murmures plus écarlates que mes obsessions.
Même s'il s'agit que de rêver et d'espérer l'harmonie d'une beauté fuyarde
aux accents oniriques, je préfère succomber à l'enflammée qu'expirer sans sa
chaleur, même imaginée.
Je dors dans un lit trop grand pour moi, mais trop petit pour nous deux.