J'ai écrit à une étrangère; une question seulement. Les mots
étaient différents et cela l'intrigua.
C'est ainsi que débutèrent ces échanges
aux saveurs épistolaires. Je la découvre chaque jour et je la vois se
transformer au fur et à mesure qu'elle se raconte.
Elle me fait du bien : elle conte, me
questionne et me préserve grâce à l'inconnu. Ce ne sont que des mots.
Chaque jour, c'est d'intrigues que je vis
quand je pense à cette étrangère sans visage. C'est une inspiration soudaine
qui se manifeste quand j'échange quelques lignes avec elle. Les mots
s'échappent, ils ont peur, mais de quoi je l'ignore.
C'est de douceur que se composent mes
jours et d'impatience mes nuits. Le lendemain est toujours trop loin et la
lumière trop brève. Par elle, je suis surpris, charmé, inspiré.
Elle crée. J'espère un jour voir ses mains
donner vie à ce qui foisonne en elle. Elle a un talent que je n'aurai jamais; au-delà
des mots.
Le froid de janvier ne peut refroidir mon
sang; c'est elle qui réchauffe mon quotidien entiché du soir trompeur.
Tranquillement, je me laisse porter par des rêves muets qui s'entrechoquent en plein
jour. Même après ces verres aux fragrances improvisées, le sommeil ne vient
jamais. Elle me tient éveillé quelques heures de plus pour que ma folie se
calme.
C'est serein que je pense et que j'écris. C'est
cette captivante étrangère qui, sans le savoir, libère et alimente mon verbe.
L'attente est tout ce qui compte, peu importe le reste.