Même si elle est loin je l'ai entendue cette voix. Ce timbre
nerveux et ces mots du quotidien pour m'apprivoiser; pour voir si je suis ce
qu'elle attendait.
Des histoires et du temps, des rires et
finalement des paroles qui se cherchent. C'est bien elle, cette voix que
j'attendais aussi, ce dépouillement soudain d'intentions discrètes. Elle est
bien là, seule, n'ayant peur de rien, en fait si, de son cœur. Elle a peur
quand il parle, peur que sa raison démissionne, que la vie l'assomme, que la
peur l'agrippe si fort qu'elle étouffe.
Je ne peux rien faire; je continue à
parler, à lui dévoiler ce que je suis, ce qu'elle me fait, ce que je ferai
quand je pourrai enfin l'atteindre.
C'est difficile, le temps s'évade et
laisse trop de place aux sanglots et aux larmes. Elle est si loin cette
voix.
Les mots sont forts, les mots chamboulent
tout, les mots nous réveillent. Si seulement ils avaient éteint ce qui nous consume
au lieu d'attiser des coeurs qui ne veulent plus se reposer.
Dans chaque syllabe, je sens sa peau et
son parfum m'attirer vers elle. Je ne pourrai jamais la laisser partir. Elle
est trop loin cette voix.
Même si la douleur est encore plus forte,
même si maintenant les mots ne seront plus assez, mon cœur avait besoin de
cette vérité qui voyage par cette voix.
La fin ne s'invite pas, elle nous arrache
l'un à l'autre et nous avons à peine le temps de nous aimer une dernière fois;
de se promettre que la prochaine fois, nos voix se caresseront.