Parce que même si je me mets à boire et à danser comme si j'allais
mourir demain, même si je tente de m’assommer à coup de soirée trop occupée, je
ne vois que ce regard absent.
Je me sens mal, je me sens comme si je n'étais sur aucun chemin. Je veux
être autre chose qu'une escale qui permet de reprendre son souffle et de se
poser des questions que l'on fuit trop longtemps.
C'est plus que de la fatigue, c'est de l'usure qui piétine le bonheur
qu'on se refuse par peur. Le choc est là tous les matins quand j'ouvre les yeux
et que personne n'est là. Je dois me contenter de mots quand j'ai besoin de
tout ce qu'elle pourrait être...maintenant.
Moi aussi j'ai besoin de pouvoir me reposer à tes côtés et chanter sans
voix sous la brise chaude du printemps. Pour te montrer que tout sera doux, que
tes craintes peuvent partir, que ton cœur pourra se réfugier avec le mien.
Je me perds tous les jours quand je tente de te trouver, de t'agripper,
de te garder. Je ne sais plus où aller pour trouver la paix. Le seul endroit
qui pourrait m'apaiser m'est refusé; trop loin pour m'y lancer, trop occuper
pour y prendre ma place.
Tout est trop fort pour moi, mais j'accepte de rester. On ne dira jamais
de moi que je suis un lâche, fou peut-être, mais pas lâche.
Ce soir, j'ai le goût de chanter à en perdre la voix, hurler tendrement
le mal qui corrode ma force et mes joies. Pour cet inaccessible éclat qui me
garde à distance parce qu'elle a peur de l'ombre où je me trouve.
Il faut que tout disparaisse. Que ma colère et mon mal de vivre se
manifestent et tempêtent et me laissent en paix le temps que je retrouve mon
souffle.
J'attends le moment où je n'aurai plus à m'effacer devant ma place, devant
mes rêves. Ce moment où je pourrai me reposer une fois pour toutes. Me laisser
aller à des rêves ordinaires et me réveiller dans une vie envoûtante. Une vie
avec ce que nous sommes et notre bonheur bien réel.